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DU MEMBRE ABDOMINAL.

viennent des parties postérieures (particulièrement le biceps), s’insérant chez ces animaux presque au milieu du tibia ou un peu au-dessus, contrebalançant l’action des muscles antérieurs, extenseurs du membre, et tirant la jambe en arrière ne permettent pas aux genoux une exacte tension.

Ici vous pouvez vérifier un principe énoncé dès le début de ce traité (I, ii, iii), c’est que chez tous les animaux la nature a modelé les diverses parties du corps sur leurs mœurs et sur leurs facultés : c’est ainsi qu’elle a enveloppé dans un corps ridicule l’âme du singe, qui imite d’une manière ridicule et défectueuse les mœurs de l’homme, ainsi que nous avons dit (I, xxii). La disposition des os de sa jambe ne lui permettant pas de se tenir debout commodément, il a, par conséquent, en arrière des muscles très-singuliers, d’une structure gênante ; il semble boiteux, quand il est de plein-pied[1], et il ne peut garder exactement, ni sûrement la position verticale. Voyez un homme qui, contrefaisant par dérision un boiteux, se tient debout, marche et court en boitant, c’est précisément ainsi que le singe se sert de ses jambes.

J’ai presque tout dit sur la structure des jambes ; quant aux muscles qui meuvent l’articulation de l’ischion, j’en parlerai alors que je traiterai de l’anatomie de cette région (XV, viii).



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  1. Αὐτῷ γελοιοτάτους ὄπισθεν μῦς ἐναντιουμένους τῇ κατασκευῇ κέκτηται καὶ ἐν τῇ παιδιακῇ τὸ μυουροῦν, vulg. et 2168. — Ce texte est fort embarrassant, et les interprètes ne me paraissent pas avoir été heureux dans leurs conjectures et dans leurs traductions. Le traducteur latin a : In puerorum ludicro velut claudo subsaltans, et Daleschamps : Quand les enfants par plaisir le contraignent de marcher droit, il va comme s’il était boiteux en saultelant. — Hoffmann (l. l., p. 53, et dans l’Append. var. lectionum) pense que Galien a comparé la marche du singe à une espèce de jeu dont il ne connaît pas la nature. Mais d’abord παιδιακῇ n’est pas grec, ensuite il n’y a point de verbe μυουρέω ou μυουρόω (ou μειουρέω-ρόω) ; en second lieu, il faudrait changer καὶ en ώς, encore la phrase resterait embarrassée. Il y a, je crois, une correction plus simple, c’est de lire πεδιακῇ et μύουρον, en rapportant κέκτηται à μῦς γελ. et à μύουρον (il a l’air tronqué, écourté, quand il est sur la plaine).