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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, xvi.

aux grandes articulations, à celles qui sont le plus importantes, des muscles peu nombreux, petits et faibles, et au contraire des muscles puissants, grands et nombreux aux petites articulations. Peut-être aussi un tel homme demandera-t-il que les muscles obliques président aux mouvements directs, et réciproquement les muscles droits aux mouvements obliques.

Certes la grandeur des muscles de la cuisse, leur nombre et leur position ont été fixés par la nature avec une prévoyance extrême ; tous s’insèrent à l’extrémité du tibia au-dessous de l’articulation, et la nature a fait là aussi preuve d’une grande habileté. Ceux qui mettent en mouvement des marionnettes de bois au moyen de fils (voy. I, xvii) attachent ces fils au-dessous de l’articulation à l’extrémité supérieure du membre qui doit être agité. La nature devançant l’art a opéré de même à l’égard de chaque articulation. Mais si après avoir réuni tant d’autres artifices divers pour mouvoir la jambe, la nature eût négligé le mode d’insertion si important des tendons, les autres artifices devenaient inutiles. Il est donc évident que si, avant de dépasser l’articulation, les tendons s’inséraient à son extrémité, ils ne remueraient pas la jambe ; si même après avoir dépassé l’articulation, ils s’inséraient non pas au point actuel, mais soit à l’origine même de la jambe, soit le plus bas possible, la jambe resterait immobile, cela est encore certain. Supposons, en effet, que les tendons viennent s’insérer à l’extrémité du tibia, ils manqueraient à la fois d’assurance et de force, puisqu’ils doivent mouvoir tout le membre par un petit nombre d’attaches fixées à l’extrémité de ce membre. Supposons encore que cette insertion ait lieu plus bas, vers le milieu du tibia, comme cela se voit chez les singes, il n’est plus possible d’étendre parfaitement le membre, car cette insertion produit une position moyenne (demi-flexion) ; les jambes seraient en effet comme liées et suspendues aux parties postérieures du fémur, ainsi que cela se remarque chez les singes[1]. En effet, les muscles qui

  1. Ici Galien compare indirectement le singe à l’homme, et cette comparaison partielle, il pouvait la faire sans avoir disséqué de cadavre humain. Du reste je discute ce passage ainsi que d’autres de la même nature dans ma Dissertation sur l’anatomie de Galien. — Cuvier, Anat. comp., t. I, p. 521-2 et Vrolik, Anat. du chimpansé, p. 22 et 35, ont fait sur l’insertion des muscles de la jambe les mêmes réflexions que Galien.