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DU MEMBRE ABDOMINAL.

à la fonction nécessaire des membres la nature ajoute toujours quelque chose en surplus. La première fonction des jambes, celle pour laquelle elles ont été créées, c’est la marche : or, pour l’effectuer, nous avons surtout besoin de muscles extenseurs du genou qui mettent en action son articulation. Si donc, comme nous l’avons dit, c’est avec raison que pour le pied deux muscles (jumeaux) s’insèrent à la partie postérieure du calcanéum, au moyen d’un très-grand tendon, il n’était pas moins important pour le genou que les muscles s’insérassent à l’extrémité supérieure et antérieure du tibia. Le pied a trouvé dans ces trois muscles la solidité de station, et la jambe tout entière acquiert par les siens la rigidité de tension.

Aux trois muscles [extenseurs-triceps], la nature en a opposé en arrière trois autres (demi-tendineux, demi-membraneux, faisceau isolé du grand adducteur) qui ne sont pas aussi forts et qui ne se réunissent pas [comme le triceps] pour former un tendon unique. Il fallait absolument, comme cela a été démontré dans notre traité Sur les mouvements des muscles (I, iv. — Voy. aussi Utilité des parties, I, xix), que chaque muscle eût son antagoniste, opérant un mouvement contraire, sans que le mouvement de flexion du genou égalât en puissance le mouvement de tension. La nature voulant donc créer des muscles antagonistes ou opérant un mouvement contraire, en a fait trois qui cependant ne sont pas aussi forts que les autres (le triceps), et qui ne se terminent pas par d’aussi forts tendons. Elle a accordé aux deux muscles (droit interne ? demi-membraneux), situés de chaque côté de celui du milieu (faisceau isolé du grand adducteur) un mouvement oblique d’une certaine étendue. Mais pour que l’articulation puisse se porter circulairement de tous côtés la nature a placé à droite et à gauche deux muscles, l’un (biceps) à côté des muscles antérieurs, l’autre (droit interne) à côté des muscles postérieurs.

Si des articulations plus importantes sont mues par des muscles grands ou nombreux ou par des tendons puissants, tandis que des articulations plus petites ont des muscles et des tendons, ou moins nombreux, ou plus petits, ou moins forts, je ne vois pas là de motif pour ne pas admirer l’habileté de la nature, à moins que quelqu’un n’aille prétendre qu’il était plus équitable d’attribuer