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DU MEMBRE ABDOMINAL.

mobiles les os juxtaposés dans un endroit où la multiplicité des articulations n’aurait produit aucun avantage pour un organe de locomotion. En effet si la promptitude et la variété des mouvements sont plus utiles aux organes de préhension, la sécurité de la station l’est davantage aux organes de locomotion. Ainsi tandis que le radius s’articule par diarthrose à ses deux extrémités, c’est par synarthrose que le péroné s’attache au tibia aux deux points extrêmes. De même que si la jambe, dans toute sa longueur, n’était composée que d’une seule pièce et n’était coupée d’aucune articulation, elle aurait bien plus de fermeté pour porter l’animal tout entier ; de même dans l’état actuel, exempte de beaucoup d’articulations, elle a une fermeté voisine de la perfection. Si elle était complétement dépourvue d’articulations, on ne pourrait la tendre ni la fléchir, et ainsi serait détruit l’usage pour lequel elle a été créée ; si elle était au contraire brisée en un grand nombre d’articulations, elle serait si sujette à chanceler et à s’affaisser qu’on ne pourrait se tenir solidement sur une jambe sans plier sur soi-même et tomber à l’instant. Il faut encore ici admirer la nature, qui, en présence de deux conditions contraires, se combattant et se détruisant l’une l’autre, toutes deux étant cependant nécessaires à la jambe, les a unies dans une mesure telle qu’elle n’a compromis ni l’aisance du mouvement, ni la sûreté de la station.


Chapitre xv. — De l’articulation du genou. — De la rotule. — Utilité de cet os démontrée par l’exemple d’un jeune athlète qui éprouva une luxation de la rotule sur le devant du fémur. — Réflexions générales sur la structure des articulations. — Comparaison du genou et du coude. — Que l’appareil ligamenteux du genou est en harmonie parfaite avec les mouvements à exécuter par cette partie.


Toutes ces dispositions prises par la nature sont admirables ; l’articulation du genou l’est plus encore. Les épiphyses de l’os appelé μηρός (fémur) comme la cuisse tout entière, trouvent dans le tibia des cavités où elles s’adaptent merveilleusement, de manière qu’il ne résulte ni relâchement dans l’emboîtement, ni gêne dans les mouvements à cause de l’étroitesse du lieu. Les ligaments qui l’environnent de toutes parts protègent et maintiennent l’articulation avec tant de sûreté que ni les flexions ni les tensions nombreuses de la jambe ne font glisser le fémur sur le tibia. La