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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, xi-xiii.

veines et des nerfs ne doit pas être exposé maintenant (voy. liv. XVI). Quant au nombre, à la situation des muscles, à leurs différences de grandeur ou de petitesse, nous avons dit un peu plus haut (chap. x), tout ce qui se rapporte à ce sujet. Il nous reste à exposer la nature des deux os, et c’est le moment convenable de le faire. Le plus grand est appelé comme le membre tout entier, κνήμη (tibia), et l’autre péroné (πέρονη). Ce dernier est très-mince, bien moins fort que le tibia et placé en dehors. Il a, pour l’animal, une utilité double, utilité principale et indispensable, et, par surcroît, pour ainsi dire, une troisième utilité. Voici quelle est sa première utilité : il constitue presque toute la partie externe de l’articulation de l’astragale, où se passent, avons-nous dit, les mouvements d’extension et de flexion du pied sur la jambe, de même que le tibia en forme la partie interne. Seconde utilité : le péroné est justement placé là où tous les vaisseaux et les muscles renfermés dans la jambe pourraient être le plus facilement blessés par un choc extérieur. La troisième utilité est en vue de la tête (condyle) externe du fémur que supporte le tibia, et à laquelle le péroné, en servant de point d’appui, procure une sécurité et une fermeté considérables.

Prétendre que la jambe n’a aucun besoin de péroné, et que le tibia s’articulant seul, au genou, avec le fémur, pourrait également s’articuler seul avec l’astragale, c’est vouloir à son insu que le tibia ait une dimension telle, qu’il ne le cède en rien au fémur. Chez un animal de pierre ou de bois, cela est possible, et outre qu’il ne se blessera pas, il portera, je pense, d’une manière plus sûre, les membres supérieurs, comme cela aurait lieu pour le pied s’il avait été créé beaucoup plus grand qu’il ne l’est réellement. Mais, pour un animal réel, qui doit mouvoir les parties inférieures des membres à l’aide des supérieures, une pareille disposition est complètement impraticable. Il faut plus de puis-

    soient affectées par les choses du toucher ; la cause en est qu’elles n’ont ni qualité moyenne, ni principe capable de recevoir les formes des choses sensibles. » Il n’y a donc pas, comme le veut Hoffmann, une complète similitude entre les deux propositions. Galien ne fait qu’appliquer à un cas particulier la doctrine d’Aristote, suivant laquelle il n’y a point de sensation sans altération (ἀλλοίωσις), sans affection (πάθος).