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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, xi-xiii.

ou du cerveau. Toutes ses parties sont parfaitement disposées pour la fonction qu’il est appelé à remplir. Si le mieux et le meilleur peuvent être réclamés, c’est dans les choses qui n’atteignent pas la perfection, mais non pas dans celles qui sont complétement irréprochables. Le cerveau est la source de la sensation et des nerfs. Cela prouve-t-il que la construction du cerveau soit supérieure à celle du pied, si chacun d’eux s’acquitte au mieux de la fonction pour laquelle il a été créé dès le principe ? Le cerveau sans le pied serait incomplet, comme le pied sans le cerveau. L’un a besoin, je pense, d’un véhicule, l’autre de sensation. Le cerveau a pour véhicule les pieds et tout le reste du corps : il leur procure à tous la sensation. Remarquez encore une fois ce que j’ai dit au commencement (voy. aussi XI, xv). — La peau du pied devait être douée de sensibilité, parce qu’elle était destinée à fouler souvent des corps durs et aigus qui, en le heurtant ou le blessant, l’auraient détérioré de mille façons, si à l’instant la sensation n’eût averti l’animal de fuir le danger. C’est pourquoi du tendon [d’Achille], qui s’implante sur le calcanéum, tendon engendré, avons-nous dit, par trois muscles (voy. p. 257), se détache et se prolonge vers la partie inférieure du pied, le feuillet superficiel qui vient s’insérer à la surface interne de la peau (épanouissement du plantaire grêle).

Dans la profondeur même du pied, immédiatement après la peau, à l’endroit où se trouvent les deux petits muscles, se distribuent des ramifications (n. plantaires) de nerfs qui partent de la moelle épinière. Elles sont beaucoup plus ténues que celles de la main, laquelle a, bien plus que le pied, besoin d’une sensation exquise, puisque elle est organe, non-seulement de préhension, mais de tact. Quant au pied (cette partie ne devant pas être l’organe commun du toucher pour tout le corps, mais seulement l’instrument de la marche), il n’est doué que de la sensibilité nécessaire pour éviter d’être blessé trop facilement. Si je vous apprenais la route suivie par les nerfs depuis leur naissance jusqu’au pied ; si je vous exposais les précautions qu’a prises, pour leur sécurité, la nature inquiète de la longueur du trajet, redoutant quelque lésion à cause de leur mollesse qui ne leur permettait pas de suffire à ce long circuit, je vous forcerais, j’en suis certain, à admirer l’art de la nature ; mais cette digression allongerait outre