Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
DU MEMBRE ABDOMINAL.

l’animal, le pied devait occuper la partie inférieure. Quelle en est la raison évidente ? Attribuez en esprit une autre place et voyez ce qui en résulterait. Si vous abaissez le soleil à l’endroit où est la lune, vous brûlerez tout sur la terre ; si vous l’élevez à la région de l’éther où se trouvent Pyroeis (Mars) et Phaéthon (Jupiter), le froid rendra inhabitables tous les pays du monde. Si le soleil est aussi grand et tel que nous le voyons, il le doit à sa nature intime ; mais cette place qu’il occupe dans le monde, c’est l’œuvre de l’Ordonnateur. Pour un corps de telle nature et si vaste, vous ne trouverez pas une place meilleure dans tout l’univers. Pour le pied non plus vous ne pouvez trouver dans le corps une place préférable à celle qu’il occupe. La position du pied et du soleil dénote une égale habileté. Ce n’est pas sans dessein que je compare l’astre le plus brillant à la partie du corps la plus abjecte. Qu’y a-t-il de plus vil que le calcanéum ? Rien. Cependant nulle part ailleurs il ne serait mieux placé. Qu’y a-t-il de plus noble que le soleil ? Rien. Dans tout l’univers il ne saurait être placé plus convenablement. L’univers est ce qu’il y a de plus grand et de plus beau. Qui le nie ? L’animal est comme un petit univers, au dire des anciens, instruits des merveilles de la nature. Vous trouverez donc la science du Créateur égale dans ces deux œuvres.

Montrez-moi donc, direz-vous, le soleil dans le corps de l’animal ? Quel est ce langage ? Exigerez-vous qu’un peu de sang et de boue si corruptibles constitue l’essence du soleil ? Vous êtes fou, malheureux ! Voici l’impiété véritable ! elle ne consiste pas à s’abstenir d’offrandes et de sacrifices. Je ne vous montrerai pas le soleil dans le corps de l’animal ; mais je vous montrerai l’œil, l’organe le plus brillant, le plus semblable au soleil qu’on puisse trouver dans une partie de l’animal. Je dirai sa position, sa grandeur, sa forme, tout ce qui le concerne, et je montrerai que toutes choses dans l’œil sont si bien établies qu’elles n’auraient pu l’être mieux d’une autre façon. Ce sujet viendra plus tard (liv. X).


Chapitre xi. — Le pied et le cerveau sont aussi bien construits l’un que l’autre, eu égard à la fonction qu’ils ont à remplir. — Que la peau du pied est, comme celle de la main, mais à un moindre degré, douée de sensibilité.


Le pied, car c’est de cette partie que je me propose de traiter dans ce livre, n’a pas une construction inférieure à celle de l’œil