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DU MEMBRE ABDOMINAL.

qu’il eût mieux valu que l’homme fût construit de façon qu’en tendant seulement le pied il se déchargeât par cette voie de ses excréments. Quels doivent être, pensez-vous, les dérèglements infâmes qu’un tel homme se permet dans son intérieur, son insolence contre tous les conduits excréteurs du corps, la dépravation, la corruption des plus belles facultés de son esprit, puisqu’il appauvrit et obscurcit cette puissance divine qui seule permet à l’homme de contempler la vérité, et qu’il accroît, fortifie et rend insatiable ce désir de volupté contre nature, puissance abrutissante et détestable qui exerce sur lui sa tyrannie farouche ?

Si je m’arrêtais plus longtemps à parler de telles brutes, j’encourrais peut-être les justes reproches des hommes sensés ; ils m’accuseraient de profaner le discours sacré que je consacre comme un hymne sincère au Créateur des hommes. Je pense que la piété véritable consiste non à immoler des hécatombes sans nombre, non à brûler mille encens, mille parfums[1] ; mais à connaître d’abord et ensuite à apprendre à mes semblables combien grande est la sagesse, la puissance et la bonté du Créateur[2]. S’il a donné, autant que possible, à chaque être sa parure appropriée, si rien n’échappe à ses bienfaits, je déclare que c’est la marque d’une bonté achevée : qu’il soit donc par nous célébré comme bon ! S’il a su trouver en tout les dispositions les plus parfaites, c’est le comble de la sagesse ! S’il a fait tout comme il l’a voulu, c’est la preuve d’une puissance invincible.

Si donc vous admirez le bel ordre qui règne dans le soleil, dans la lune et dans le cortège des astres ; si vous contemplez avec étonnement leur grandeur, leur beauté, leur mouvement éternel, leur retour périodique, n’allez pas, en comparant les choses de ce monde, les trouver mesquines ou mal ordonnées. Ici même vous rencontrerez une sagesse, une puissance, une prévoyance égales. Examinez bien la matière, principe de chaque chose, et ne vous

  1. Μυρία μύρα καὶ κασίας. — Voy. sur la casse, considérée comme un type de parfums, Hoffmann, l. l., p. 48, et, pour sa détermination botanique, Meyer, Éclaircissements botaniques sur la Géogr. de Strabon, Koenigsb., 1852 (en allem.), p. 130 et suiv. Dans ce chapitre Meyer traite aussi des parfums en général.
  2. Plusieurs philosophes anciens ont exprimé l’opinion qu’il fallait préférer la vie morale et les belles actions ou les nobles pensées aux hécatombes et autres sacrifices. — Voy. Hoffmann, l. l., p. 48.