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DU MEMBRE ABDOMINAL.

restant remplissent la fonction. C’est sur plusieurs autres points du corps que la nature a montré une aussi grande prévoyance en multipliant les principes de mouvement, là où le mouvement importe beaucoup à l’animal. Ici donc où des deux grands muscles placés à la partie postérieure de la jambe, elle détache un tendon sur le calcanéum, elle a évidemment prévu l’utilité éminente de cet os, et l’a garanti autant que possible contre toute lésion.

Tous les anatomistes venus avant moi pensent que les trois muscles qui constituent le mollet s’arrêtent sur le calcanéum ; mais il n’en est pas ainsi. Une portion notable d’un de ces tendons (plant. grêle) dépassant le calcanéum s’épanouit sous toute la partie inférieure du pied, et peut-être vaudrait-il mieux, au lieu de le rattacher au troisième muscle (jumeau ext.), en faire un quatrième complétement séparé. Mais, comme je l’ai déjà dit (II, vii), je donne dans le Manuel des dissections (I, iv) les raisons de tout ce qu’ignoraient les précédents anatomistes. Ils n’ont pas même su que des trois muscles qui s’insèrent en réalité sur le calcanéum, l’un (soléaire) dérivant du péroné et restant charnu, a une insertion plus élevée, et que ceux qui naissent des têtes du fémur (jumeaux) pour se terminer par un fort tendon, s’attachent au-dessous du précédent, au sommet du calcanéum. Ce n’est pas seulement dans le Manuel des dissections qu’on trouvera l’anatomie exacte des muscles ; j’écrirai aussi sur ce sujet un traité particulier (Dissection des muscles)[1].

Pour qui veut étudier dans ces traités d’où naissent ces muscles et où ils s’insèrent, il sera aisé de comprendre la justesse frappante de ce que j’avançais dans le livre précédent (II, iv et vii), à savoir que la nature a disposé obliquement sur les membres les muscles qui doivent présider aux mouvements obliques ; et en ligne droite les muscles chargés de la flexion ou de l’extension exacte. Il n’est donc pas difficile maintenant de trouver la cause de la position de tous les muscles de la jambe, de la grandeur de chacun d’eux et de leur nombre. En effet, comme trois de ces muscles meuvent le calcanéum et constituent la partie du pied privée de poils, et qu’après eux trois autres fléchissent les doigts (faisceau péro-

  1. Voy. pour ce passage, dans ma Dissertation préliminaire la discussion sur la chronologie des livres anatomiques de Galien.