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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, x.

postérieure, la nature leur a, comme dans les mains, opposé deux aponévroses musculaires qui doivent opérer les mouvements contraires à ceux que nous venons de décrire. L’une plus petite naissant du muscle qui est situé profondément, vient s’insérer en avant du gros orteil à la partie inférieure (tibial postérieur), l’autre plus considérable est ce tendon si apparent qui s’attache à la partie postérieure du calcanéum, tendon très-fort et très-grand dont la lésion suffit seule pour faire boiter (tendon d’Achille fourni par les iumeaux). — Comme l’os appelé calcanéum, qui continue en droite ligne la jambe au-dessous de laquelle il est placé, est le plus grand et le plus fort de tous les os du pied, quand le tendon en question, le tire à lui, il affermit tout le membre à tel point qu’il vous est loisible de vous tenir sur un pied en levant l’autre, sans être renversé, et sans tomber, lors même qu’un des autres tendons est lésé, tant sa puissance est grande et contre-balance celle de tous les autres. Comment n’en aurait-il pas été ainsi, quand ce tendon s’insère au premier, au plus important organe de la marche, au calcanéum. (voy. chap. viii), et que seul il l’unit au tibia ? Quant à la position et quant à l’action qui lui est confiée, ce tendon a tout à fait son analogue dans celui qui est implanté en avant du petit doigt de la main, du côté interne (cubital antér.) ; mais quant à la préexcellence de son usage, elle lui vient du calcanéum qui n’a pas d’analogue dans la main, ainsi que nous l’avons dit (chap. vi), et qui seul supporte tout le corps. La nature sachant cela, lui a en conséquence donné un triple principe de mouvement. Je pense donc que vous admirerez surtout son habileté, si prêtant attention à ce que nous révèlent les dissections, vous observez les faits suivants : le muscle qui étend les orteils (long extenseur commun), qui dessert beaucoup de parties, est unique ; d’un autre côté chacun des autres muscles étendus de la jambe au pied se termine par plusieurs tendons, ou du moins par un, s’il est petit, comme cela a lieu aussi pour les muscles [intrinsèques] du pied, tandis que seul le tendon du calcanéum dérive de trois grands muscles[1], afin que l’un d’entre eux ou même deux venant à être lésés, les deux autres, ou le seul

  1. Voy. dans la Dissertation sur l’anatomie de Galien, la section consacrée à la myologie de la jambe.