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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, x.

pieds, les principes de ces mouvements ont été établis dans cet endroit. C’est sous ce rapport que dans les pieds et dans les mains diffère la distribution des tendons ; dans les mains, aux fléchisseurs de la première et de la troisième articulation de chaque doigt (fléch. prof.) ne vient se joindre aucun autre tendon naissant d’un autre muscle ; tandis que dans les pieds, les tendons qui correspondent à ceux-ci ne naissent pas d’un muscle unique ; mais ils sont tout à fait semblables aux nerfs, qui venant de la région cervicale de la moelle pour se distribuer dans le bras, s’unissent et s’entremêlent[1]. C’est aussi à peu près de cette façon que se comportent dans la jambe les nerfs qui viennent de la région lombaire. Cette disposition a été prise par la nature pour que chacun des organes mus de la sorte eût deux sources de mouvement, de telle sorte que si l’une vient à être lésée, l’autre du moins remplisse sa fonction. Ainsi lorsqu’il y a un espace assez long à parcourir ou que la partie est exposée, la nature alors ménage cet entrelacement. Dans les bras et dans les jambes, la distance entre les deux extrémités des nerfs est considérable. À la partie inférieure du pied, c’est la situation qui expose au danger. L’animal s’appuyant toujours sur le pied, il en résulte que les tendons placés en cet endroit sont bien plus exposés que les tendons correspondants de la main à être coupés, brisés et lésés de toutes façons. C’est pour cela qu’a lieu dans cette région l’entrelacement des tendons que nous avons signalé.

Quant aux muscles tout à fait petits, négligés par les anatomistes et par nous pendant longtemps (cf. II, iii : — interosseux), ils fléchissent la première articulation (métat.-phal.) de chaque doigt aux pieds comme aux mains. C’est déjà une raison d’admirer la nature. Une autre raison non moins considérable, c’est qu’elle n’a étendu du tibia sur le péroné aucun muscle oblique analogue à ceux qui dans la main unissent le radius au cubitus (cf. II, vii). En effet, à propos de la main, nous avons montré précédemment (II, vii, xvii et xviii) qu’il fallait non-seulement étendre et fléchir tout le membre, mais encore lui imprimer dans les deux sens des mouvements de circumduction. Quant à la jambe, sa disposition ayant pour [principal] but, non la variété de la préhension, mais la solidité de la station, des mouvements semblables à ceux du bras, loin

  1. Voy. la Dissert. précitée sur l’entre-croisement des deux faisceaux du long fléch.