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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, x.

qui sont destinés à supporter le poids de l’animal entier, devaient être beaucoup plus forts que les mains, et il était avantageux pour eux d’avoir de petits doigts. De sorte qu’il était préférable que leurs tendons fussent beaucoup plus petits que ceux des mains, puisqu’ils devaient imprimer le mouvement à des organes plus petits et disposés pour des mouvements moins étendus et moins vigoureux. Il n’était donc pas convenable que quatre espèces de tendons moteurs des orteils naquissent des muscles de la jambe, comme les mêmes tendons des doigts naissent des muscles de l’avant-bras ; cela n’était nécessaire que pour deux, celui qui étend les orteils (long extenseur commun des orteils) et celui qui fléchit la seconde et la troisième articulation des quatre orteils (long fléchisseur commun des orteils). C’est en cela surtout que l’art de la nature est admirable : trouvant des ressemblances et des dissemblances, elle a ordonné les ressemblances d’une manière analogue et les dissemblances d’une manière différente. En effet, s’il faut que chacune des articulations des doigts soit douée de quatre mouvements, que les mouvements internes soient toujours supérieurs et que pour cela ils dérivent de deux principes, cela constituera un point de ressemblance entre les pieds et les mains. Mais comme les doigts des pieds ont besoin de tendons plus petits et comme les parties qui les composent sont plus nombreuses et plus fortes, cela établit une dissemblance dans ces membres.

C’est ici le moment d’exposer les heureuses dispositions prises par la nature. Elle a attribué à chacune des articulations [des orteils] quatre mouvements qu’elle a fait procéder, comme aux mains, de cinq chefs, lesquels cependant ne naissent pas de lieux analogues. Aux mains les tendons chargés du mouvement latéral interne (lombricaux) sont, ainsi que nous l’avons démontré (I, xvii, xviii), les seuls qui naissent des petits muscles situés à la région interne de cette partie ; tous les autres descendent de l’avant-bras ; mais pour les pieds il n’en est pas ainsi : trois prennent leur origine dans les pieds mêmes (pédieux, court fléchisseur des orteils, lombricaux), deux viennent de la jambe (long extenseur et long fléchisseur des orteils). En effet, la main n’offrait pas d’autre place libre [pour une semblable disposition]. Le pied étant long, la nature a établi sous le métatarse les muscles qui président au mouvement oblique interne (lombricaux) et dans le reste du pied, jusqu’au calcanéum,