Il s’agit maintenant d’exposer quel est le nombre et quelle est la nature des mouvements variés et multipliés que nous voyons exécuter par les jambes, de montrer que le mieux était que ces mouvements ne fussent ni plus nombreux, ni moins nombreux, ni distribués d’une autre manière ; en nous rappelant en même temps et les mouvements des mains et le double but de la nature qui a construit les jambes de l’homme, non-seulement pour la course, comme celles du cheval, mais encore pour une station ferme, en sorte qu’elle leur a accordé, jusqu’à un certain point, la préhension comme aux mains. De cette façon tout notre discours sera abrégé, si nous passons rapidement sur les rapports de construction communs aux pieds et aux mains, pour insister sur les caractères propres aux pieds. — L’art de la nature éclatera avec plus d’évidence si, dans ce traité, nous faisons ressortir toute l’analogie de construction des membres, si nous montrons qu’en aucun cas rien ne fait défaut et rien n’est en excès. Nous avons, dans notre livre précédent, suffisamment discouru sur les mains. Quiconque n’a pas admiré l’habileté de la nature, ou est insensé, ou a un intérêt particulier pour ne pas la reconnaître ; car, en vérité, il me faudrait ici emprunter les paroles de Thucydide[1]. Il est donc insensé celui qui ne comprend pas les fonctions attribuées si excellemment aux mains, ou qui pense qu’elles retireraient plus d’avantages d’une autre structure ; ou bien
- ↑ Galien fait ici allusion à ce passage du discours de Diodote contre Cléon dans l’affaire de Mytilène : « Celui qui conteste avec acharnement que la parole soit la maîtresse des affaires, ou bien est intéressé, ou bien est mû par un intérêt personnel, etc. » Thucyd., III, xlii. — Hoffmann (l. l., p. 47) range sous trois chefs les motifs de l’intérêt particulier : l’amour de la secte, l’amour de sa propre opinion, la crainte de perdre une gloire acquise ; il cite à ce propos plusieurs passages d’auteurs anciens et en particulier de Galien.