Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
DU MEMBRE ABDOMINAL.

suite de notre ouvrage (voy. liv. XVI). Ce sont des organes communs à tout le corps, qui ont reçu une mission commune : celle de rafraîchir, de nourrir tous les membres et de leur communiquer la force vitale.

    cavité articulaire plus ou moins analogue à une poulie. Mais voici le raisonnement en défaut, car, quoique le fémur offre en effet une poulie, celle-ci ne s’articule point avec le tibia ; elle est uniquement destinée à recevoir la rotule… Ossifiez le tissu qui unit la rotule au tibia et au fémur, et l’extrémité supérieure du tibia, en tout semblable à l’extrémité correspondante du cubitus, offrira une cavité articulaire bornée, du côté de l’extension, par une grosse éminence, et propre à recevoir une poulie. Réciproquement, ramollissez la partie inférieure de l’olécrâne, et ce qui restera de cette éminence sera une véritable rotule ; le cubitus ne différera point du tibia… Le membre inférieur, au contraire, qui supporte le poids du corps, éprouve des secousses, des ébranlements, qui vont quelquefois jusqu’à produire la rupture des os si solides qui le constituent, et, alors, le genou en particulier devient le siège des plus grands efforts. Si donc un prolongement osseux fût passé au-devant de cette partie pour en borner l’extension, fortement pressé à ses extrémités par le tibia et le fémur, os si volumineux, mus par de si fortes masses charnues, il aurait été extrêmement exposé à se rompre, et il se serait en effet rompu très-souvent. Or, pour prévenir cette lésion, la nature a remplacé une partie de ce prolongement osseux par un tissu mou ; mais, comme alors l’articulation n’aurait pas offert, en avant, un assez haut degré de fixité, elle a en même temps placé à sa partie postérieure de forts ligaments qui sont essentiellement destinés à borner l’extension de la jambe ; de sorte qu’on peut dire que ces ligaments, qui ont toute la force, toute la résistance des os sans en avoir la fragilité, sont, à l’égard de la fonction, le véritable olécrâne du genou. Qui serait capable de deviner tout cela ? Enfin le pied est, comme nous l’avons déjà dit, une partie dont les dispositions essentielles sont extrêmement simples ; mais elles s’unissent à d’autres si nombreuses, si compliquées, qu’il devient absolument impossible de les déterminer… Par quelle suite de raisonnements, de considérations, serait-on conduit à imaginer cette double articulation à surfaces superposées ? cette latéralisation successive des os placés au-devant du centre des mouvements ? cette voûte qui, à la fois souple et solide, offre dans la manière dont elle est construite, disposée, assujettie, un chef-d’œuvre de perfection ? ces cinq prolongements flexibles, séparés les uns des autres, fixés au bord antérieur de la voûte, pour que, soustraits au poids du corps, ils pussent jouir de tous les avantages d’une main qui serait destinée à saisir le sol ? » — Cf aussi Galien, chapp. viii (tarse) ; xiii et xiv (tibia et péroné) ; xv (articulation du genou, rotule).