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DU MEMBRE ABDOMINAL.

venant après le genou, s’inclinât insensiblement en dehors, que la partie inférieure rapprochée de la cheville du pied s’inclinât vers l’intérieur, il fallait aussi pour la même raison que les parties internes du pied fussent plus hautes afin de contrebalancer l’inclinaison intérieure de la partie du tibia en cet endroit. C’était là le fait que nous avions différé d’exposer quand nous dissertions sur l’utilité des parties internes du pied (chap. vii).

Nous voyons, jusqu’ici, qu’aucun des os de la jambe n’a été laissé inachevé : la grandeur, la petitesse, la position, la forme, la connexion, la différence de dureté de chacun de ces os, les ligaments arrondis et circulaires qui les unissent entre eux, tout a été créé par la nature avec une prévoyance et un art suprêmes[1]. —

  1. Broc (Traité d’anat., t. II, p. 153 suiv.) s’est livré, sur la structure du membre abdominal, à une série de raisonnements, dont quelques-uns sont ingénieux et se rapportent de loin ou de près à ceux de Galien lui-même. J’extrais les passages les plus importants : — « Le membre abdominal supporte le poids du corps ; il se meut dans tous les sens, mais ses mouvements sont moins étendus que ceux du membre supérieur, en exceptant néanmoins la rotation qui l’emporte sur celle de ce membre. Voilà les données fondamentales ; examinons-en les conséquences. Puisque le membre inférieur supporte le poids du corps, il doit nécessairement s’articuler, en haut, de la manière la plus solide, ce qui rend indispensables deux dispositions : d’abord, la grande profondeur de la cavité articulaire, et, ensuite, l’extrême solidité du système osseux sur lequel cette cavité sera creusée ; détruisez l’une de ces dispositions, et vous excluez de toute nécessité la première donnée… Il est donc évident qu’il n’y aura pas pour le membre inférieur une épaule mobile, comme il y en a une pour le supérieur, et que cette épaule, au lieu d’être indépendante du tronc, devra se confondre intimement avec lui : la solidité entraînera l’intimité d’union qu’exclut la mobilité. Quel sera le minimum de la longueur du membre inférieur ? Je ne crois pas qu’on puisse la déterminer comme pour le supérieur, car, ce membre fût-il dix fois moins long qu’il ne l’est, le pas pourrait être formé, la fonction serait à la rigueur remplie… Pourvu de certaines dimensions, sera-t-il formé d’une seule pièce ? Il est évident que non ; car, lorsque, pour la formation du pas, il aurait été placé en arrière, il deviendrait impossible de le porter en avant, à moins de lui faire décrire sur les côtés un très-grand arc de cercle, ce qui rendrait la progression très-difficile, et surtout extrêmement lente, puisqu’on n’avancerait jamais par le plus court chemin ; on marcherait à la manière dont se meut le compas de l’arpenteur, et il est certain que la course deviendrait impossible ; il est encore évident qu’on ne pourrait ni sauter, ni se placer debout, après avoir pris une situation horizontale, etc. Il est donc certain que le membre doit être au moins composé de deux parties mobiles l’une sur l’autre. Étant ainsi formé,