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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, ix.

blement de la tête de l’os en dehors, que le fémur se prolonge dans une moitié de sa diaphyse en continuant cet écartement pour se porter ensuite en dedans et se diriger vers le genou. C’est pourquoi le fémur, considéré dans son ensemble, présente une convexité externe et une concavité interne ; de même, en arrière, il est plus déprimé, et plus convexe en avant. Cette disposition favorise la position assise, et beaucoup des actes que nous faisons assis, comme d’écrire avec le livre étendu sur la cuisse (voy. p. 219, note 1). Ainsi, tout autre objet se tient étendu sur la convexité des cuisses plus facilement que si elles avaient été faites d’une autre façon. De plus, quand notre corps est appuyé sur une seule jambe (nous savons que cette position nous est souvent utile dans toutes les circonstances de la vie et dans l’exercice de diverses industries), la forme arquée est préférable à la droite.

S’il y avait égalité de largeur des membres qui supportent et des parties du corps qui sont supportées, la station sur l’un ou l’autre de ces membres serait particulièrement sûre et inébranlable, chacune des parties supérieures du corps trouvant dans ce membre un point d’appui perpendiculaire. De même le fémur formant un arc, attendu qu’une portion de son corps se porte surtout en dehors, une autre surtout en dedans, et qu’enfin une troisième occupe une position moyenne, il en résulte qu’aucune des parties supérieures du corps ne manque d’un appui en ligne droite. C’est en vue de la même utilité que la nature a fait non-seulement le fémur, mais encore le tibia plus convexe à la partie externe.

La plus grande preuve de ce que j’avance, est celle-ci : c’est que les personnes dont les jambes sont le plus arquées, de dedans en dehors (ῥαιβοί), que ce soit un vice congénial, ou produit par la première éducation, ont dans la station sur les deux pieds ou sur un seul, bien plus de fermeté et de consistance que les personnes dont les membres sont droits (voy. p. 244, note 2). ― La nature ne cherchait pas seulement la solidité de la station dans la construction des jambes, elle n’a pas mis moins de prévoyance à nous rendre capables de courir rapidement, s’il le fallait ; elle a évité un écartement excessif des jambes, et leur a donné une courbure suffisante qui leur procure une station ferme sans gêner en rien la rapidité de la course. Puis donc comme il était rationnel, ainsi que nous venons de le montrer, que la partie supérieure du tibia