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DU MEMBRE ABDOMINAL.

Peut-être aurions-nous su nous-mêmes éviter un pareil inconvénient ; à plus forte raison la nature s’est-elle gardée de placer, là où ils devaient être exposés aux lésions, des vaisseaux si importants, que si un d’eux était blessé, l’animal aurait peine à survivre. Car si la blessure atteignait une des artères considérables situées dans cette région, l’animal succomberait infailliblement. Si donc il fallait y préparer une place pour les veines, artères, glandes, nerfs et muscles qui devaient être nombreux et volumineux, il était nécessaire de faire saillir obliquement le fémur hors de la cavité. Il s’en écarte donc, et ses parties externes paraissent dépasser le plan latéral externe du corps. Si chez certaines personnes le col du fémur est moins projeté en dehors, les parties qui remplissent les aines se trouvant resserrées sont broyées les unes contre les autres, et, pour cette raison, ces personnes sont forcées de marcher les cuisses et les genoux en dehors.

Pourquoi, dira-t-on, la nature n’a-t-elle pas établi plus en dehors les cavités cotyloïdes et ne les a-t-elle pas portées là où sont actuellement les convexités (tubérosités) des fémurs ; car de cette façon le col du fémur eût continué en ligne droite la direction même de la tête, et l’os eût été droit ? C’est qu’il fallait que le poids du corps reposât en ligne droite et perpendiculairement sur la cavité cotyloïde et sur la tête de l’os, surtout lorsque dans la marche ou dans la course nous portons une jambe en avant tandis que l’autre est posée sur le sol : phénomène qui se produit à la condition que la partie qui supporte ait un appui solide au centre. Si une position semblable de la jambe est la plus sûre quand on marche, la position contraire entraînerait évidemment le plus de danger. Aussi n’était-il pas prudent d’éloigner vers les parties externes des ischions les cavités cotyloïdes et avec elle les têtes des fémurs. La meilleure disposition est celle qu’ils ont actuellement. En second lieu, pour prévenir l’étroitesse des parties qui en pouvait résulter, il n’y avait qu’un seul moyen, c’était de ne pas prolonger le fémur en droite ligne avec sa tête, mais de le faire dévier en dehors comme il l’est actuellement. D’un autre côté, si les fémurs s’étaient prolongés jusqu’au genou en s’écartant toujours et sans revenir en aucune façon vers le côté interne, on aurait eu les jambes cagneuses d’une autre façon que celle dont il a été question plus haut. C’est donc avec raison que l’extrémité supérieure du col s’écarte nota-