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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, ix.

supérieure et externe, il est convexe (bombé), et déprimé (concave) à la partie opposée. Hippocrate[1] connaissait sa vraie forme ; en cas de fracture, il prescrit de la conserver, de ne pas l’altérer. Ceux qui ont naturellement le fémur plus droit qu’il ne faut, ont les genoux tout à fait en dehors. C’est un grand inconvénient, dit-il en quelque endroit, non-seulement pour la course, mais aussi pour la marche et la station ferme[2]. Le premier venu, je pense, doit reconnaître tous les jours à la simple vue combien est grand cet inconvénient. Si le col du fémur ne se portait pas obliquement en dehors dès sa sortie de la cavité cotyloïde, il se trouverait trop rapproché du col de l’autre fémur. Si cela avait lieu, quelle place resterait pour les muscles intérieurs de la cuisse qui nécessairement doivent être très-forts ? Quelle place pour les nerfs de la moelle épinière qui se distribuent dans toute la jambe ? Quelle place pour les veines, pour les artères, pour les glandes qui remplissent leurs interstices ? On ne pourrait pas dire qu’il fallait faire, arriver ces parties au côté externe du fémur, car elles eussent été facilement exposées à tous les chocs extérieurs des corps qui les auraient heurtées.

  1. Voici le passage d’Hippocrate (Des fractures, § 20, t. III, p. 484, éd. Littré) : « Il faut en outre observer que cet os est bombé plus en dehors qu’en dedans, plus en avant qu’en arrière, c’est donc de ces côtés qu’il se déforme, quand le traitement est irrégulier ; c’est là aussi qu’il est le moins recouvert par les chairs, de sorte qu’il n’est pas possible d’en dissimuler la déviation. » Ce qu’Hippocrate appelle γαῦσος (bombé), Galien l’appelle κυρτός, et dans son Commentaire sur le passage précité (Comm., II, texte, 69, t. XVIII², p. 517), il nous apprend que de son temps le mot γαῦσος n’était plus en usage, et il disserte sur l’accent qu’il doit recevoir. — Voy. aussi dans mes Notices et Extraits des mss. d’Angleterre, scholie sur Hipp., no xvi, p. 212.
  2. Hippocrate, dans le traité Des articulations, t. IV, § 53, p. 232-234, dit que la luxation de la cuisse, du genou ou du pied en dedans (ce qui porte le pied en dehors), rend cagneux, βλαισός , vaigus, et alors la station est chancelante ; la difformité contraire (bancal, varus, κυλλός), n’entraîne pas la faiblesse dans la station. Galien, dans son Commentaire sur ce passage (Comm., III ; t. 87, t. XVIII1, p. 604-606), nous dit qu’on appelait ῥοικοί et ῥαιβοί ceux qui présentaient naturellement, mais à un degré peu prononcé, la conformation des individus qui étaient κυλλοί par suite d’une luxation du genou en dehors. Il nous a conservé à ce propos un fragment du poëte Archiloque, ou les ῥοικόμηροι sont célébrés (voy. les Notices précitées, schol. no xv, p. 211), et il ajoute : Quant aux βλαισότεροι, nous savons tous qu’ils se tiennent difficilement, qu’ils ne peuvent pas courir, qu’ils sont facilement renversés et qu’ils tombent souvent pour la moindre cause.