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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, viii.

nombre de ces doigts. Comme dans la main le pouce occupe une place particulière, qu’il est séparé le plus possible des autres doigts et qu’il s’en écarte au niveau de son articulation avec le carpe, le métacarpe n’est avec raison composé que de quatre os. Eudème en prétendant que le métatarse et le métacarpe sont également composés chacun de cinq os, et que le pouce n’a que deux phalanges comme l’orteil (car il se croit dans l’obligation de conserver une analogie exacte), s’écarte de la vérité. Le pouce évidemment est formé par trois os comme le montrent les articulations et les mouvements ; mais bien que les choses se passent ainsi, l’analogie des parties n’est pas moins manifeste sans que nous ayons besoin de partager l’erreur d’Eudème.

L’analogie même de construction du carpe comparé au tarse ne présente pas d’obscurité. En effet le tarse est formé de quatre os, tandis que le nombre est double pour le carpe, attendu qu’il se compose de deux rangées[1]. Il convenait que des organes de préhension fussent composés de parties petites et nombreuses, et que des parties plus grosses et moins nombreuses entrassent dans la construction des organes de locomotion. Les parties antérieures du pied étant exactement semblables aux organes de préhension, ont un nombre d’os égal à celui des mains. Comme le seul os qui avait été retranché du gros orteil est ajouté au métatarse, le nombre reste le même. Quant aux parties postérieures du pied qui ne sont exclusivement que des organes de locomotion, elles n’ont pas d’analogue dans la main. La partie moyenne qui reste n’est pas exactement semblable aux deux autres, elle n’est pas non plus complétement dissemblable ; mais le tarse a reçu la seule forme convenable à une partie qui, devant être placée entre deux extrémités si différentes, ne pouvait participer que dans une certaine mesure, à la nature de chacune d’elles. — L’os nommé cuboïde, placé à la partie externe du tarse, s’articule avec la cavité que forme le calcanéum à son extrémité ; les trois autres os du tarse s’adaptent au scaphoïde sous forme de trois cubes (c’est-à-dire par trois faces carrées). Celui-ci, de son côté, embrasse la tête de l’astragale ; ce dernier est serré entre les épiphyses du tibia et du

  1. Voy. p. 235, notes 1 et 2.