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DU MEMBRE ABDOMINAL.

pour les pieds, comme ils sont organes de préhension uniquement pour que la marche soit possible en tout lieu, la dimension actuelle des orteils est suffisante. De plus, leurs parties internes (côté du gros orteil) sont plus élevées, et les parties externes (côté du petit orteil) plus basses, double disposition qui convient à un organe de préhension, pour saisir et embrasser les convexités du terrain et à un organe de sustentation ; en effet, puisque dans la marche, l’une des jambes se meut, tandis que l’autre, appuyée tout entière sur le sol, supporte le poids du corps, la nature a eu raison de donner plus d’élévation à la partie interne ; car, si le pied avait exactement la même hauteur des deux côtés, ce serait surtout vers la jambe qui est en l’air que s’inclinerait d’abord le pied lui-même, puis toute la jambe [qui est appuyée]. De cette façon, il est clair qu’en marchant nous tomberions facilement. C’est donc pour la plus grande sécurité de la marche que les parties internes des pieds sont plus élevées. Quand elles ne sont pas plus élevées, si on lutte, si on court, ou, parfois même, si on marche seulement sur un sol inégal, on tombe à terre. L’évidence de cette démonstration vous frappera plus encore en avançant dans la lecture de ce livre : pour le moment cette observation suffit. Il paraît, en effet, très-raisonnable que les parties internes du pied soient à la fois élevées et creuses pour assurer la solidité de la station et l’exactitude de la préhension.

Vous ne chercherez donc plus pourquoi la partie antérieure du calcanéum est plus effilée et plus étroite, et pourquoi elle semble rentrer du côté du petit doigt ; car, si cet os était en avant épais et large comme en arrière, et qu’il s’étendît avec les mêmes dimensions vers la partie antérieure du pied, comment ce pied aurait-il une cavité intérieure (plantaire) ? La nature a donc eu raison de lui enlever à l’intérieur du pied une grande partie de son épaisseur et de sa largeur ; c’est pour cela qu’il paraît se prolonger du côté du petit doigt. C’est pour cela encore que l’astragale semble se porter davantage à l’intérieur, bien que sa partie postérieure s’appuie contre le milieu du calcanéum ; mais comme ce dernier s’amincit de plus en plus à la partie antérieure et semble s’écarter de dedans en dehors, l’astragale paraît avec raison placé en avant du calcanéum et comme suspendu sur lui ; car, comment pouvait-on mieux former la cavité interne du pied qu’en rendant l’os inférieur (le