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DU MEMBRE ABDOMINAL.

d’une assiette solide, grâce à leurs articulations variées et à la cavité qui occupe précisément la partie destinée à fouler les aspérités. C’est en cela même que consiste la supériorité des jambes de l’homme, supériorité que nous désirions trouver tout à l’heure en disant que la nature lui avait donné des pieds appropriés non-seulement à un être fait pour marcher, mais encore à une créature raisonnable ; et si on voulait rappeler dans une définition unique et concise les avantages du pied de l’homme, on dirait qu’ils tiennent à la division en doigts et à la cavité qu’il présente au milieu de la partie inférieure. En effet vous ne sauriez reconnaître avec plus d’évidence combien ces avantages contribuent à l’assurance de la marche sur un terrain convexe, qu’en considérant un homme qui monte sur une échelle longue et mince. Avec le creux de son pied il embrasse la convexité des échelons, puis, repliant les deux extrémités, ses doigts et son talon, autant qu’il est possible, il arrondit la plante qui embrasse comme une main le corps sous-jacent. Ce nouveau raisonnement vient, ce nous semble, à l’appui de ce que nous avions établi dès le principe.

Nous démontrions tout à l’heure que les pieds avaient été créés pour une station solide, et que les mieux appropriés à une station semblable étaient les pieds longs, mous et larges. Maintenant en prouvant que le pied de l’homme est capable de se poser solidement sur tous les terrains, et en ajoutant que c’est une conséquence nécessaire de sa structure, nous n’avons pas entamé un sujet différent ; nous confirmons seulement notre proposition initiale. Que manque-t-il donc encore à notre raisonnement ? c’est d’embrasser sous un seul titre la question relative à la nécessité de cette disposition, question qui paraîtrait actuellement se scinder en deux parties. Nous disions, en effet, que le pied de l’homme était avec raison partagé en doigts, et creux au milieu afin qu’il pût marcher sur toute espèce de terrain ; avec cette cavité médiane, disions-nous, il embrasse les convexités du terrain, et ses orteils lui servent surtout (c’est encore une chose à ajouter) dans les lieux escarpés, obliques ou inclinés. Quelle est donc la cause première de tous ces détails de structure, cause que nous puissions résumer en un mot ? C’est celle que nous faisions pressentir dans notre raisonnement, quand, forcé par la nature des choses, nous disions que le pied de l’homme imitait la main