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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, v.

d’industrie, mieux valait pour eux avoir des pieds protégés d’une manière quelconque contre les lésions. Mais chez l’homme qui peut choisir dans chaque circonstance la chaussure la plus convenable, et qui d’un autre côté a souvent besoin de se servir de ses pieds nus, il était mieux que les pieds fussent primitivement dépourvus de toute protection.


Chapitre v. — Définition de la marche et de la course ; du rôle qu’y jouent le pied et la jambe : le premier sert à la sustentation, la seconde à la progression. — L’ablation soit des orteils, soit du métatarse ou du tarse, établit la nécessité de la conformation actuelle du pied. — Comparaison du pied et de la main sous le rapport de la variété des articulations et de la faculté de se modeler sur les corps. — Supériorité sous ce rapport de la jambe de l’homme sur celles des animaux, pour marcher sur les terrains inégaux et pour monter aux échelles. — En résumé, le pied offre la structure la meilleure pour la sustentation, la marche et l’ascension.


Il a été suffisamment démontré qu’il valait mieux que les pieds fussent non-seulement allongés mais mous. Maintenant pourquoi ont-ils ce degré de longueur et ce degré de largeur qu’ils possèdent effectivement, ce creux insensible à la face inférieure, cette élévation à la face supérieure, enfin cette division en doigts ? nous allons le démontrer immédiatement. La jambe de l’homme étant, comme nous avons dit, non pas simplement un organe pour la marche, mais un organe le mieux approprié à un être raisonnable, suivons cette idée d’organe composé et non pas simple absolument. Ainsi nous avons à dire en premier lieu comment s’opère la marche en général, en second lieu par quelle modification la marche devient appropriée à l’homme. La marche s’opère quand une des jambes pose sur le sol, tandis que l’autre se porte en avant en opérant un mouvement de circumduction : mais s’appuyer sur le sol est l’œuvre du pied seul, tandis que se porter ainsi en avant est l’œuvre de la jambe tout entière ; de telle sorte que la marche résultant de l’application sur le sol et du mouvement, les pieds sont des organes d’appui, et les jambes entières des organes du mouvement[1]. Cela est très-manifeste quand on se tient de-

  1. Aristote, De incessu anim., cap. xii, p. 313, éd. Bussem. dit aussi qu’il n’y aurait point de mouvement s’il n’y avait pas de flexion dans les jambes, et que le poids du corps repose sur les pieds.