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DU MEMBRE ABDOMINAL.

et la démonstration de chaque proposition seront conformes à la méthode indiquée dès le principe. De même que la main est l’instrument de la préhension, de même la jambe est l’organe de la marche, et comme ce n’est pas simplement un organe de la marche, mais un organe approprié surtout à un être raisonnable (c’est là ce que j’avais en vue, quand je dissertais plus haut sur le nombre des jambes, — chap. ii), il s’agit de montrer que chacune des parties de la jambe est construite de la manière la plus utile pour un animal raisonnable, bipède. Était-il mieux que l’homme eût des pieds ronds et durs comme ceux du cheval, ou allongés, larges, mous et fendus en plusieurs parties comme ils sont actuellement disposés ? La vitesse et la difficulté à être lésés eussent été peut-être une conséquence de la première disposition ; la seconde n’a en propre ni l’un ni l’autre avantage ; néanmoins, elle paraît manifestement convenable pour surmonter toutes les difficultés, quand il nous faut grimper sur les murs élevés, sur les arbres ou sur les rochers. S’il est vrai que ni l’une ni l’autre de ces deux dispositions ne pouvait réunir ce double avantage, et si on se trouvait absolument dans la nécessité de choisir, il est évident que le premier avantage était préférable pour le cheval et le second pour l’homme. Le cheval, attendu qu’il est quadrupède, marchera solidement sur quatre pieds qui sont arrondis, tandis que pour un bipède une telle disposition serait complètement dangereuse, à moins qu’on ne lui supposât des sabots arrondis, et de plus très-grands et très-larges. Mais alors, on chargerait l’animal d’un fardeau superflu, et les jambes deviendraient tout l’opposé d’un instrument de vitesse. Il faut donc, si c’est dans l’intérêt de la vitesse que les pieds doivent être arrondis, qu’ils soient encore petits comme le sont ceux du cheval. D’un autre côté, la dureté du sabot est un bon moyen pour prévenir les lésions chez cet animal ; mais l’homme qui peut se fabriquer des chaussures, loin de retirer aucun avantage de cette dureté, y rencontrerait souvent des inconvénients. Dans l’état actuel, si notre chaussure vient à être endommagée, il nous est très-facile de la remplacer par une nouvelle ; mais si nos pieds avaient une chaussure naturelle, par exemple, des sabots fendus comme ceux du bœuf, ou non fendus comme ceux du cheval, nous boiterions aussitôt que cette chaussure aurait éprouvé quelque lésion. Les chevaux étant dépourvus de mains et