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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, iv.

la possède également, sans parler des oiseaux à long col, qui non-seulement, s’ils le veulent, regardent facilement en haut, mais encore tournent aisément leurs yeux de tous les côtés. Ne pas comprendre cette parole de Platon (De republ., p. 529 b)[1], est encore, chez de tels gens, la preuve d’une grande inattention : « Regarder les choses d’en haut, ce n’est pas être couché sur le dos, la bouche béante, c’est, je pense, contempler par son intelligence la nature des êtres. » Mais, ainsi que je l’ai remarqué dès le début de mon traité, peu de mes prédécesseurs ont connu exactement l’utilité des parties. C’est une raison pour nous d’insister davantage et de faire effort pour étudier le sujet dans tous ses détails, n’omettant absolument aucun caractère des parties ; c’est-à-dire, comme nous l’avons déjà observé, ni la situation, la grandeur, ni la texture, ni la forme, ni les configurations variées, ni la mollesse, ni la dureté, ni les autres caractères inhérents aux divers tempéraments, ni la communauté qui s’établit entre les parties par leurs connexions, leurs points d’attache, leur juxtaposition, ou les dispositions prises pour leur sécurité.


Chapitre iv. — L’auteur se propose de démontrer que la jambe, dans son ensemble et dans les diverses parties qui la constituent, est parfaitement appropriée à un être raisonnable bipède. — Comparaison de la jambe de l’homme avec celle du cheval ; avantages qui résultent de leur structure respective. Comme il était impossible de réunir ces avantages, il a fallu choisir pour l’homme ceux qui sont le plus en rapport avec sa nature et les fonctions qu’il doit remplir.


Commençons donc par les jambes et montrons que chacune de leurs parties est construite si habilement, qu’on ne saurait imaginer une meilleure structure. La suite du raisonnement, l’invention

  1. Galien ne fait que rapporter le sens du passage de Platon. À propos d’une discussion sur la prééminence de l’astronomie qui, suivant l’un des interlocuteurs, oblige l’âme à passer des choses de la terre aux contemplations de celles du ciel, Socrate répond : « Pour moi, je ne puis considérer d’autre science qui fasse regarder l’âme en haut, que celle qui a pour objet ce qui est (τὸ ὄν, ens), bien qu’on ne le voie pas ; mais si quelqu’un, soit en regardant en haut la bouche béante, soit en baissant la tête et fermant à demi les yeux, s’occupe à étudier les choses sensibles, jamais je ne dirai qu’il apprend, parce que rien de sensible n’est l’objet de la science ; je ne dirai pas non plus que son âme regarde ni en haut, ni en bas, lors même que, couché à la renverse sur la terre ou sur la mer, il croirait apprendre. » Glaucon donne son plein assentiment à cette réponse.