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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, iii.

l’épine continuant en ligne droite celui des jambes, l’homme peut prendre trois positions différentes : s’il est couché à terre sur l’épine du dos, la supination est parfaite, s’il est couché sur le ventre, la pronation est complète, s’il se tient fermement sur ses pieds, la station verticale est régulière ; mais si les jambes forment un angle avec l’épine, il est évident qu’aucune de ces positions ne sera exactement rectiligne. Aussi avons-nous dit avec juste raison que l’homme seul se tient droit ; car les autres animaux sont tous, les uns plus, les autres moins, inclinés en avant ; ils marchent tout à fait de la même façon que les enfants qui se traînent sur les mains[1]. Les gékos et tous les animaux à courtes jambes sont complètement inclinés en avant, car leur ventre touche perpétuellement la terre ; chez les serpents cette disposition est plus manifeste encore. Le cheval, le chien, le bœuf, le lion et

  1. « Au lieu des jambes et des pieds de devant, l’homme a des bras et des mains, car, de tous les animaux, il est le seul qui, à cause de sa nature et de son essence divine, se tienne droit ; or l’office d’un être très-divin, c’est de comprendre et de penser, et cet office n’est pas facilement rempli si un corps volumineux pèse d’en haut ; car le poids rend l’intelligence lente et appesantit le centre commun des sensations ; aussi la corpulence et le poids étant augmentés chez les animaux, leurs corps sont nécessairement penchés vers la terre ; c’est pourquoi aux quadrupèdes la nature a donné des jambes et des pieds de devant au lieu de bras et de mains… Tous les animaux, à l’exception de l’homme, sont nains ; un nain est un être chez qui la partie supérieure du corps est volumineuse, tandis que la partie qui supporte le tronc et qui préside à la marche est petite. La partie supérieure est ce qu’on appelle tronc et qui s’étend depuis la tête jusqu’à la région par où s’échappent les excréments. Dans l’espèce humaine, le volume de cette partie est proportionné à celui de la partie inférieure ; chez les hommes faits, la première est beaucoup plus petite que la seconde. Chez les enfants, au contraire, la partie supérieure est volumineuse et l’inférieure est petite ; aussi les enfants rampent et ne peuvent marcher ; en naissant ils ne peuvent pas même ramper, mais ils sont immobiles ; car tous les enfants sont nains. A mesure qu’on avance en âge, les parties inférieures se développent chez l’homme ; chez les quadrupèdes, c’est le contraire : les parties inférieures sont d’abord très-volumineuses ; lorsqu’ils grandissent, les parties supérieures augmentent de volume. » Aristote (Part. anim., IV, x, p. 289, éd. Bussem.) — Aristote a dit ailleurs (Hist. anim., II, i, sect. § 6, p. 22, éd. Bussem.) que chez les animaux les parties supérieures sont les plus fortes et que c’est le contraire chez l’homme. — Ces passages et ceux de Galien qui regardent le même sujet, soulèvent plusieurs questions de statique que nous reprendrons en traitant de la physiologie générale de Galien.