des parties qui constituent leur corps réclamerait le lit pour la partie humaine et la terre pour la partie chevaline.
Peut-être, dira-t-on, vaudrait-il mieux avoir quatre jambes, non de cheval, mais d’homme. Mais de cette façon, l’homme, sans rien gagner pour aucune de ses fonctions, perdrait encore sa vitesse. Si nous renonçons aux quatre jambes, soit de cheval, soit d’homme, nous ne réclamerons certes pas celles d’autres animaux ; car elles ont de la ressemblance, les unes surtout avec les jambes du cheval, les autres surtout avec celles de l’homme. Sur quatre jambes, si deux sont superflues, sur six jambes et davantage, nous en aurions évidemment encore plus d’inutiles. En un mot, un être qui veut se servir utilement de ses mains, ne doit trouver sur sa poitrine aucun obstacle proéminent, soit naturel, soit artificiel.
Comme le cheval, le bœuf, le chien, le lion et les autres animaux semblables ne devaient exercer aucun art, il leur était inutile d’avoir des mains et aussi de marcher sur deux pieds. Quel avantage en effet eût procuré la station bipède à des êtres dépourvus de mains ? Loin de me paraître mieux partagés, s’ils eussent été conformés de cette sorte, ils auraient, ce me semble, perdu leurs qualités actuelles ; je veux dire, d’abord, la facilité pour manger ; en second lieu, la solidité des membres antérieurs ; et, troisièmement enfin, la vitesse. N’ayant pas de mains, ils étaient obligés, les uns de porter la nourriture à leur bouche avec leurs jambes de devant, les autres de la prendre en se baissant (cf. VIII, i). Parmi les animaux, les carnivores ont les pieds divisés en plusieurs doigts ; les herbivores ont des sabots, les uns fendus, les autres d’une seule pièce. Les premiers se montrent tous, en toute occasion, pleins de courage ; aussi leurs pieds, non-seulement sont divisés en plu-