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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, i.
LIVRE TROISIÈME.


du membre abdominal et de ses diverses parties.


Chapitre ier. — L’homme ne saurait avoir ni quatre jambes comme les animaux, ni quatre jambes et deux bras comme les Centaures, tels que les poëtes, et en particulier Pindare, nous les représentent. — Un tel assemblage serait contraire aux lois de la physiologie, et produirait un monstre inhabile à l’exercice de tous les arts.


Seul de tous les animaux l’homme a été pourvu de mains, instruments qui conviennent particulièrement à un être sage (cf. I, iii) : comme il a des mains, il est aussi le seul des êtres destinés à marcher, qui jouisse de la station bipède et verticale. La partie du corps nécessaire à la vie étant complète avec les organes du thorax et de l’abdomen, et réclamant des membres pour la marche, les cerfs, les chiens, les chevaux et les autres animaux du même genre[1], ont des jambes pour membres antérieurs et pour membres postérieurs ; cette disposition leur est avantageuse pour la rapidité de la course ; mais pour l’homme les membres antérieurs sont devenus des mains, l’homme en effet n’avait pas besoin de vitesse personnelle, car il devait dompter le cheval, grâce à son intelligence et à ses mains (cf. I, iii et iv) ; posséder des instruments nécessaires dans l’exercice de tous les arts était plus avantageux pour lui que d’avoir une marche rapide. Mais pourquoi n’a-t-il pas quatre jambes et en outre des mains comme les Centaures ?

  1. Ce passage a été altéré dans les deux mss. que j’ai à ma disposition : Τοῦ γὰρ ἀναγκαίου πρὸς τὴν ζωὴν σώματος ἐκ τῶν κατὰ τὸν θώρακά τε [καὶ κυνῶν καὶ ἵππων καὶ τῶν παραπλησίων] καὶ ποιλίαν συμπληρουμένου μορίων καὶ δεομένων (en corr. δεομένου) κώλων εἰς βάσιν (βάδισιν 2148) ἐπὶ μὲν ἐλάφων τε καὶ κυνῶν καὶ ἵππων καὶ τῶν παραπλησίων, κ. τ. λ., codd, 985 et 2148. — Le texte vulgaire retranche avec juste raison les mots que j’ai mis entre deux crochets ; ils semblent, en effet, une répétition maladroite d’une partie du membre de phrase suivant. — Comme Galien ne nomme pas la tête, il faut bien admettre qu’il veut parler seulement de la vie végétative ; c’est en effet dans la poitrine et dans l’abdomen que sont renfermés les organes essentiels à cette vie ; mais encore faut-il sous-entendre que ces organes sont sous la dépendance du système nerveux cérébro-rachidien, dans l’immense majorité des animaux.