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DU BRAS.

n’a pas pris moins de soin pour les mettre à l’abri des lésions (II, vii). On en fera maintenant une application aux articulations : là où le mouvement devait servir à des fonctions énergiques et nombreuses et où il y avait à craindre que la violence du mouvement n’entraînât une luxation, elle unit, elle serre les os par des liens externes nombreux et épais, non pas seulement membraneux, mais arrondis ; elle couronne de cartilages les têtes articulaires ; elle crée des proéminences de dimensions égales aux cavités qui doivent les contenir, de telle façon qu’il n’y a aucun espace vide ; de plus elle munit exactement la circonférence de ces cavités de crêtes et d’espèces de sourcils. Quand l’articulation est faite en vue de mouvements peu nombreux et peu énergiques, la nature, qui n’a plus de crainte à avoir, fait naître des ligaments minces et membraneux, et la jonction entière des os est tout à fait lâche. En avançant dans mon sujet, je démontrerai pour chaque membre que cette manière de procéder se rencontre dans les articulations de tout le corps. Mais c’est ici le lieu de montrer qu’il en est ainsi pour les bras dont il est question actuellement.

Nous accomplissons les fonctions les plus énergiques et les plus nombreuses en imprimant des mouvements à l’articulation du carpe et à celle du coude ; il était donc naturel que ces articulations fussent mises hors de danger et par le mode d’union des os, et par les ligaments qui les entourent, ligaments qui devaient être non-seulement épais, mais durs de tous côtés. Comme l’articulation de l’épaule est peu souvent appelée à faire des mouvements violents et que le plus souvent elle est complètement au repos ou qu’elle agit faiblement, les os y sont joints d’une façon très-lâche, et les membranes qui l’entourent sont encore plus lâches. La nature ne les a faites ni cartilagineuses, ni épaisses, ni tout à fait dures, mais suffisamment minces et molles, et capables de s’étendre beaucoup.

Pour les articulations du coude et du carpe, on trouve des ligaments non-seulement épais, mais durs, rapprochant de tous côtés les os qui entrent dans la composition de l’articulation et les empêchant le plus possible de s’écarter les uns des autres. Bien qu’ils doivent souvent agir avec une grande énergie, ils sont moins sujets aux luxations que les os de l’épaule ; car il ne se peut pas qu’un os s’éloigne d’un autre sans qu’il y ait un écartement aussi grand que possible : or l’écartement provient de la faiblesse et de la laxité