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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, xvi.

Mais, comme on l’a déjà dit au commencement de ce traité (I, xvi), il n’est pas possible de trouver l’utilité d’aucune partie avant d’avoir déterminé sa fonction ; aussi presque tous les médecins, ignorant les fonctions de la plupart des parties, quelques-uns même, ne connaissant pas leur structure, ne savent conséquemment rien d’exact touchant leur utilité ; il leur paraît suffisant de savoir qu’il y a deux muscles extenseurs de l’avant-bras et deux muscles fléchisseurs, mais ils déclarent qu’il est inutile de chercher laborieusement où commence et où finit chacun de ces muscles. Un de ces médecins, voyant un jour avec moi un jeune homme qui pouvait bien, en fléchissant l’avant-bras, porter la main vers la région interne de l’épaule, mais ne le pouvait pas vers la région externe, ce médecin, dis-je, n’était pas capable de reconnaître à quel muscle appartenait l’affection ; il ignorait complétement aussi que le grand muscle (biceps brachial) s’insère au radius et que le petit (brachial antérieur) se fixe sur le cubitus ; mais il pensait que les deux muscles se portent sur l’espace qui sépare les deux os. Comment aurait-il pu trouver l’utilité de leur situation, puisqu’il ignorait même cette situation ? Ignorant la position, il ne connaissait pas non plus la fonction.

Ces deux muscles, quand ils agissent ensemble, fléchissent l’avant-bras en ligne droite. Si l’un d’eux entre en action, l’autre demeurant en repos, la ligne droite déviera un peu d’un côté ou de l’autre, ainsi qu’il a été dit. On ne doit pas s’étonner que, si l’un des deux muscles attire l’un des deux os, celui-ci le cubitus, celui-là le radius, l’autre suit, ces deux os étant de tous côtés unis par des ligaments nombreux et puissants ; car s’il est possible aux muscles qui sont couchés sur le cubitus de mouvoir le radius tout seul, c’est que le mouvement est très-borné, et que les attaches qui l’opèrent sont nombreuses. Quant au muscle qui descend en droite ligne de l’humérus (biceps), qui agit par un seul tendon, et qui produit

    propre aux singes ; il serait difficile de reconnaître ces muscles si on ne recourait à la partie de la Dissertation où je traite des muscles du bras. — Par ces expressions : les origines supérieures (ἄνωθεν ἐκφύσεις), Galien n’entend certainement pas l’origine première, ou la tête même de ces muscles, mais, au contraire, l’insertion du prolongement de cette origine première, ou de cette tête, sur l’humérus, avant que les muscles deviennent tendineux.