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viii
PRÉFACE.

Il semble donc que le moment soit venu de rendre à la médecine le même service que tant d’écrivains distingués ont rendu aux autres sciences, à la littérature, et à l’histoire politique.

Déjà M. Littré a fait revivre Hippocrate ; marchant de loin sur ses traces et le prenant toujours pour guide, je veux faire revivre Galien, le plus illustre médecin de l’antiquité après Hippocrate.

Galien était un grand anatomiste, il suffit, pour s’en convaincre, de suivre ses descriptions sur la nature ; — c’était un habile physiologiste, ses ingénieuses expériences sur les systèmes nerveux et sanguin en sont un irrécusable témoignage ; — c’était un pathologiste éminent, son beau traité Des lieux affectés ne laisse aucun doute à cet égard ; — c’était un philosophe distingué, on le voit par son traité des Dogmes d’Hippocrate et de Platon ; c’était enfin un esprit puissant, je n’en veux pour preuve que son système si bien lié dans toutes ses parties.

Ce fut précisément l’espèce d’enivrement pour ce système qui fit tomber Galien dans de déplorables erreurs, et qui trop souvent lui mit un voile devant les yeux ; il pliait la nature à son système, bien loin de réformer son système sur l’observation de la nature. Physiologie, pathologie, anatomie même, cette science positive s’il en fut jamais, durent céder devant les conceptions à priori. Aussi, tout ce que Galien voit à travers la théorie des humeurs, ou des qualités élémentaires, est à peu près frappé de néant ; la doctrine des causes finales, poussée à l’extrême, l’égare trop souvent ; les opinions traditionnelles sur le rôle du foie et du cœur, opinions qu’il défend à outrance l’arrêtent au moment peut-être où il allait découvrir la