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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, xvi.

fluences. Que la chair soit une partie du muscle, c’est ce qui a été dit par presque tous les anatomistes, et aussi par nous dans le traité Du Mouvement des muscles (I, i) ; mais on n’a pas parlé avec exactitude de son mode de connexion avec les nerfs et avec les ligaments, et on n’a pas expliqué ses usages. Nous en traiterons dans la suite de cet ouvrage (XII, iii). Il suffit maintenant de considérer ce qui est admis et ce qui apparaît dans les dissections, je veux dire que les chairs font partie de la substance des muscles. Donc l’humérus devant être entouré de tout côté par les chairs, et devant nécessairement aussi fournir des points d’attache aux muscles qui meuvent l’avant-bras, a reçu non pas des chairs isolées et oisives, et des muscles isolés, mais des chairs en tant qu’elles font partie des muscles.

Comme l’avant-bras jouit de deux mouvements, l’un d’extension, l’autre de flexion, il était nécessaire que le muscle chargé de la flexion fût situé en dedans, et celui qui opère l’extension en dehors. Si les choses se passaient ainsi, toutes les parties intermédiaires de l’humérus, c’est-à-dire les faces supérieures et les inférieures (cf. II, ii, in fine), seraient tout à fait nues, aucun muscle ne les revêtant. Il fallait donc ou se résigner à laisser l’humérus complètement exposé à toutes les lésions à cause de sa nudité, ou faire naître sur les membres des chairs inutiles qui ne devaient faire en aucune façon partie des muscles ; mais l’une ou l’autre disposition était de la négligence, et, de plus, contraire aux habitudes de la nature. Pour ne pas engendrer une chair inutile et pour ne pas laisser sans défense et nue une partie du membre, elle a donc rendu les mouvements plus forts et en même temps plus sûrs, en doublant le nombre des muscles. Que quatre muscles tirent plus vigoureusement que deux, cela est tout à fait évident ; et que le mouvement soit alors plus sûr, cela n’a pas besoin non plus d’une longue démonstration. Comme chacun des muscles est deux au lieu d’un, si l’un des deux subit quelque lésion, l’autre suffit pour mouvoir le membre ; mais si la nature eût fait seulement les muscles doubles, et qu’elle les eût disposés les uns sur les autres ; elle eût donné, il est vrai, par ce moyen de la force et de la sûreté aux mouvements, mais elle n’eût pas encore recouvert les parties intermédiaires du bras ; comme elle a placé chacun d’eux obliquement sur le membre en les croisant mutuelle-