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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, xv.

dans le rapport le plus parfait avec les couronnes qu’elles reçoivent ; en effet, le mieux était que les proéminences fussent serrées exactement de tous côtés dans les cavités, de façon qu’il n’existât aucun espace vide. Il n’était pas possible que les choses fussent plus convenablement disposées qu’elles ne le sont, chaque bathmide partant de la partie la plus large de la lèvre supérieure, et se terminant inférieurement par une extrémité très-étroite[1]. De plus, que les cavités aillent, en se rétrécissant peu à peu, pour correspondre aux couronnes, de telle sorte qu’il n’y a sur aucun point ni constriction, ni laxité, ni manque d’appui, cela n’est pas une petite preuve de prévoyance. L’artifice de la position des bathmides se révèle encore par cette circonstance qu’elles sont précisément placées là où devaient venir frapper les couronnes du cubitus dans l’extension et la flexion complètes de l’avant-bras. Cela est évident pour tous. En effet, si l’on considère qu’on ne trouve de cavité dans aucune autre partie de l’humérus[2], et que celles qui existent n’ont pas été faites en vain, ni jetées au hasard, mais qu’elles apparaissent comme étant disposées dans le lieu le plus propice, qui n’avouera que ces dispositions ont été prises pour le mieux ? car outre leur position, toute leur structure eu égard à la grandeur et à la forme est si convenablement et si exactement appropriée aux fonctions du bras, que s’il y avait le plus petit changement, le membre en serait estropié.

Vous apprendrez qu’à leur tour les couronnes du cubitus sont parfaitement constituées, si vous réfléchissez que ces couronnes étant ou plus courtes, ou plus longues, ou plus obliques, ou plus droites, ou plus recourbées, ou plus arrondies, ou plus étroites, ou plus larges qu’elles ne sont, ou modifiées de quelque manière que ce

  1. Galien parle ici de la circonférence antérieure ou évasement, et du fond des cavités olécrâniennes et coronoïdes. La circonférence est ce qu’il nomme la lèvre supérieure, et l’extrémité inférieure est ce que nous appelons le fond. — Ces particularités sont surtout remarquables pour la cavité olécrânienne, et plus encore sur le singe que sur l’homme, disposition qui tient, sans doute, à ce que chez le singe, le membre thoracique sert à la fois à la progression et à la préhension.
  2. Les manuscrits et les imprimés portent τοῦ πήχεως (du cubitus). Daleschamps a mis humérus, comme s’il avait lu τοῦ βραχίονος. Ce changement me paraît tout à fait justifié par le contexte ; car il s’agit évidemment, non du cubitus, mais de l’humérus.