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DE LA MAIN.

et à l’étroitesse qu’elle s’éloigne plus des extrémités. Comme il y a trois rangées d’os entre l’avant-bras et les doigts, la première, du côté de l’avant-bras, composée de trois os, la seconde de quatre, la troisième, qui s’articule avec la précédente, de cinq, dont un est l’os du pouce, les quatre autres constituant le métacarpe. Il semblerait donc ainsi que le carpe est composé de sept os ; mais si vous attendez un peu ce qui sera dit (chap. xii) spécialement de l’os allongé et flottant (pisiforme), situé à la partie intérieure du carpe, par laquelle il s’articule avec la petite apophyse du cubitus, et si vous considérez en vue de quels usages la nature a fait cet os, vous serez complétement persuadés qu’on ne pouvait pas trouver pour le carpe, une meilleure combinaison que huit os, ni plus ni moins[1]. Sur ce sujet, ce qui précède étant suffisant, les con-

  1. Broc a aussi appliqué le raisonnement à la structure des diverses sections du membre thoracique. On lira avec intérêt une partie de ces considérations ingénieuses. Sur quelques points, Broc s’est rencontré avec Galien sans l’avoir jamais lu, sur d’autres il est à la fois plus réservé et un peu plus exact. « La main s’éloigne à tel point de ce qui, à la rigueur, suffirait à l’exercice de la fonction, que l’esprit le plus pénétrant ne saurait, je crois, découvrir la manière dont elle est conformée. Qui pourrait inventer un carpe, les huit os qui le composent, la manière dont ils sont disposés, le mode de leurs articulations, le genre des mouvements qu’ils exécutent ? Qui serait capable de prévoir qu’au carpe succède le métacarpe, composé de cinq os, etc., etc. ? L’esprit qui préside aux sciences et aux arts mécaniques, ne saurait s’étendre jusque-là. Observons, toutefois, que les os du membre dont le nombre s’accroît successivement à mesure qu’on les considère plus près de l’extrémité inférieure, répondent exactement aux termes de la progression arithmétique, 1, 2, 3, 4, 5. Le bras, en effet, renferme 1 os, l’avant-bras, 2 ; la rangée supérieure du carpe, 3 ; l’inférieure, 4 ; et le métacarpe, dont les doigts sont en quelque sorte le prolongement, 5 (l’os pisiforme ne devant pas être considéré puisqu’il est hors rang). C’est cette progression uniformément croissante qui rend le membre de plus en plus large, depuis son extrémité supérieure jusqu’à l’inférieure : l’humérus, en effet, a moins d’étendue, d’un côté à l’autre, que n’en ont les deux os de l’avant-bras, ces os, moins que le carpe, et celui-ci moins que le métacarpe. Il suit de là que le membre, vu en avant ou en arrière, représente un long triangle à sommet supérieur, tandis que, vu de côté, il forme encore un long triangle, mais à sommet inférieur (sic). Il a donc à la fois à chacune de ses extrémités le sommet de l’un de ces triangles et la base de l’autre. La progression croissante 1, 2, 3, etc. établit un passage aussi insensible qu’il puisse l’être entre le volume des os supérieurs et celui des os inférieurs, puisque, en nombre entiers, il n’y a pas de différence plus petite que l’unité. » T. II, p. 132-4.