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DE LA MAIN.

ligaments étaient lâches et minces ; maintenant la force de ces ligaments leur vient en aide, de façon qu’ils ne peuvent se luxer. Ainsi donc, chaque articulation, prise à part, se déplaçant peu, il résulte de ces déplacements multiples un grand et notable mouvement. C’est aux tendons externes que revient la plus grande puissance pour la production de ces mouvements ; en s’étendant sur la convexité des os, ils les refoulent tous vers l’intérieur. Il résulte de là pendant la tension un double phénomène évident pour les sens ; d’une part le creux de la main disparaît, étant rempli par les os qui se portent vers lui, et de l’autre, la convexité qui existait primitivement à la face externe est effacée. Ce n’est donc pas seulement parce que le creux de la main est rempli, mais aussi parce que la convexité est redressée, qu’il est possible au carpe et au métacarpe d’être étendus. Quand nous voulons former exactement la main en creux, nous faisons tout le contraire ; en relâchant les tendons externes tendus et en tendant les internes, nous fléchissons les doigts ; à l’aide de toutes ces combinaisons chacun des os est facilement ramené dans la place qu’il occupait à la partie externe. Mais aucun de ces deux mouvements n’aurait jamais lieu si les os ne pouvaient pas céder, et ils ne céderaient pas s’ils formaient un tout indivis ; il en résulte qu’ayant la faculté de changer de position, à cause de leur multiplicité, les os du carpe et du métacarpe rendent la main tantôt creuse autant que possible, et tantôt plane, parce que nous avons besoin tour à tour de ces deux dispositions[1]. L’une de ces conditions eût fait nécessairement défaut à ces parties si les os n’eussent pas été en grand nombre : une telle disposition assure non-seulement les fonctions de la main, mais sa sûreté. S’il n’y eût eu entre les doigts et l’avant-bras qu’un seul os concave en dedans, convexe en dehors, et nu comme il convenait qu’il fût, ainsi que cela a été démontré dans le livre précédent (chap. xvii), il eût été facilement brisé par tout corps dur qui l’eût frappé, et, brisée, cette masse eût été entièrement désorganisée, n’étant composée que d’une seule pièce ; maintenant, comme elle se compose de douze os, le douzième de toute la construction est seul compromis

  1. Voy., pour ces mouvements du métacarpe sur le carpe, et du carpe sur le radius, chap. x et la section de la Dissertation précitée relative aux muscles de la main et de l’avant-bras.