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PRÉFACE.

dans la science. La réforme scientifique, plus lente, il est vrai, que la réforme littéraire, fut donc tout aussi radicale ; elle était du moins beaucoup mieux justifiée, puisque la science n’est pas une simple production de l’esprit ou du génie, qu’elle ne repose pas sur des règles factices ou arbitraires, variables suivant les siècles et les nations, et qu’au contraire, elle se fonde essentiellement sur des faits authentiques, sur des méthodes sévères, sur des connaissances positives. Or, dès le milieu du XVIe siècle, des faits nouveaux avaient été observés ou des faits anciennement connus avaient été mieux vus. Une méthode plus rigoureuse d’observation s’était produite au grand jour ; des découvertes capitales venaient battre en brèche les théories les plus en réputation et triomphaient peu à peu de la routine. Devant de telles lumières les obscurités de l’âge ancien devaient forcément se dissiper ; mais, en même temps, ces lumières devaient éclairer et mettre en relief ce qu’il y avait de vraiment utile, de vraiment beau dans le travail de nos pères ; il n’en a pas été ainsi : les anciens furent attaqués avec si peu de critique, et défendus par de si misérables arguments, qu’ils finirent par succomber, et que le règne de l’examen se substitua de toutes parts au règne de l’autorité. Cette substitution, excellente en elle-même, mais souvent inintelligente ou trop précipitée, a condamné les générations modernes à reconstruire presque tout l’édifice de la science.

Toutefois, les premières tentatives de réforme médicale, celles du moins qui eurent d’abord le plus de succès, se firent encore au nom des anciens, je veux dire au nom des Grecs contre les Arabes ; l’érudition avait alors une large part dans les discussions ; il en résulta ce singulier phé-