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DE LA MAIN.



Chapitre iii. — Du carpe et du métacarpe ; artifice de la nature dans le nombre, la forme, la situation et la disposition des os qui composent ces parties. — De l’union du carpe avec le métacarpe, et de l’un et de l’autre avec l’avant-bras. — Des mouvements du carpe et du métacarpe ; rapports de ces mouvements avec ceux de la main. — Utilité de la multiplicité des os du carpe et du métacarpe. — Cf. chap. ix.


Mais il est temps de passer aux os, en commençant par la main, puisqu’elle en a aussi beaucoup. Il a été démontré plus haut (I, xiv) que chaque doigt devait avoir nécessairement trois os, ayant la forme, la position et la grandeur qu’ils ont actuellement ; mais on n’a pas dit du tout dans ce qui précède pourquoi la nature a composé le carpe de huit os, le métacarpe de quatre, à qui elle a donné une forme variée, pourquoi les os du carpe sont placés sur deux rangs, et ceux du métacarpe sur un seul rang ; on n’a pas parlé non plus de la forme, de la dureté, de la position de ces os. Il faut commencer par traiter de leur nombre. En effet, il nous paraîtra étrange que le fabricateur de toutes choses, qui a fait d’un seul os la cuisse et le bras, les deux plus grands membres du corps, ait donné huit os à une partie aussi petite que le carpe, et quatre au métacarpe. Pour les doigts, la variété des figures qu’ils prennent dans leurs mouvements est sans doute une démonstration de l’utilité de leur nombre, mais pour le carpe et le métacarpe on ne voit rien de semblable ; cependant, car il faut bien prendre sa revanche en soutenant le contraire, comme dit quelque part Hippocrate (Rég. des mal. aig., § 2, t. II, p. 302)[1], ces parties sont si artistement disposées, qu’il ne manque rien à l’excellence de la perfection. Pour le prouver immédiatement, aucun des huit os du carpe ne ressemble en rien, ni pour la forme, ni pour la grandeur, à son voisin. Cependant ils sont unis dans une telle harmonie, qu’on peut difficilement en saisir le nombre ; car à moins que vous n’enleviez exactement les ligaments et que vous ne dépouilliez le carpe des membranes qui le recouvrent, il vous semblera que tous les os n’en font qu’un. Comment ne verra-t-on pas se révéler un

  1. Hippocrate dit précisément le contraire : Le texte porte : « Voyons maintenant ce qui peut être soutenu en faveur du raisonnement de mes adversaires. » C’est, sans doute, par une sorte d’antiphrase que Galien cite ici Hippocrate.