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DE LA MAIN.

Dans le précédent livre (chap. xvii) on a établi la doctrine de l’utilité des tendons ; certes, c’est avec raison que des deux muscles internes celui dont les tendons meuvent la première et la troisième phalange (fléchiss. profond) est plus gros, tandis que celui dont les tendons meuvent la seconde (fléchiss. superf.) est beaucoup plus petit ; là aussi, en effet, la grandeur des muscles est proportionnée au volume des tendons. De plus, le muscle qui produit les tendons les plus volumineux et qui sont préposés à un double mouvement, est situé profondément ; l’autre, au contraire, est superficiel, la nature protégeant toujours plus efficacement les parties chargées d’accomplir les fonctions les plus nombreuses et les plus utiles (Cf. I, xvii, p. 148). Ces deux muscles occupent exactement la région moyenne, parce qu’il était mieux, ainsi que nous l’avons démontré plus haut (I, xvii), que les têtes des tendons fléchisseurs atteignissent aussi la région moyenne. De chaque côté est un muscle qui fléchit le carpe (radial et cubital antérieurs) ; nous parlerons de l’utilité de ces muscles lorsque nous traiterons des mouvements du carpe (chap. viii). — Il reste un cinquième muscle (palmaire grêle), faisant partie de ceux qui s’étendent le long de la face interne de l’avant-bras, superficiel et en même temps le plus mince des muscles précités, sur le compte duquel se sont trompés tous les anatomistes qui m’ont précédé, en pensant qu’il servait à fléchir les doigts. Non-seulement ils ont commis cette erreur, mais encore ils ont entièrement ignoré l’existence des petits muscles qui fléchissent la première phalange des doigts (interosseux), ignorance que nous avons partagée nous-même pendant longtemps ; ces petits muscles sont décrits avec clarté dans le traité de la Dissection des muscles (chap. xxiii) et dans le Manuel des dissections (I, ix).

Je voulais poursuivre le présent traité sans faire mention de ceux qui se sont trompés, j’avais même formé ce projet en commençant[1] ; mais dans l’exposition de ce sujet j’ai craint que mes futurs lecteurs, en me voyant en dissentiment avec les autres anatomistes, ne

  1. Galien était trop jaloux de sa réputation, et trop enclin à critiquer ses confrères, morts ou vivants, pour tenir une semblable résolution. Nous devons même nous applaudir de ce qu’il a suivi son penchant naturel : cette vanité à bien servi l’histoire de la science, et en particulier celle de l’anatomie ; nous lui devons de connaître, sur beaucoup de points, les opinions des devanciers et des contemporains du médecin de Pergame et ses propres découvertes.