Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iv
PRÉFACE.

On comprendra, sans qu’il soit besoin que j’y insiste, que dans une anatomie, une physiologie et une pathologie qui s’éloignent en tant de points de l’état actuel de la science, qu’en présence de théories qui sont à peu près étrangères à la plupart des médecins, qu’avec une méthode d’exposition si différente de celles qui sont aujourd’hui en usage, il était indispensable de donner un aperçu complet des connaissances de Galien et de discuter soigneusement tous les points litigieux. Si enfin on se rappelle que Galien a régné en maître à peu près absolu jusqu’au XVIIIe siècle, on comprendra aussi qu’il importe de suivre sa fortune, de l’étudier en lui-même et dans ses traducteurs ou commentateurs, de montrer quelle place il occupe dans l’ensemble des études, aux diverses périodes du Bas Empire, du Moyen âge et de la Renaissance, de rechercher quelles séries de transformations subit son autorité, tantôt directe, et tantôt médiate, de découvrir quelle influence nuisible ou salutaire il a exercée, et de ne l’abandonner qu’après avoir nettement caractérisé la quadruple révolution anatomique, physiologique, médicale et chimique qui, en lui portant successivement les coups les plus meurtriers, l’a relégué dans le domaine de l’histoire.

Il était naturel qu’un abandon à peu près complet suivît un engouement universel ; on est presque toujours injuste envers un ennemi vaincu. Ce n’est pas sur le champ de bataille qu’on écrit l’histoire ; c’est seulement quand les conquêtes ne sont plus contestées qu’on peut, revenant sur les temps passés, et s’affranchissant des préjugés, je dirais presque des haines qu’a soulevés la lutte, juger avec impartialité, comparer avec pleine connaissance de cause, enfin apprécier sainement ce qu’on a gagné et aussi ce qu’on a