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DE LA MAIN.

très-important que les doigts pussent se porter latéralement vers lui ; en effet, si dans les ouvrages où nous avons à remuer des corps volumineux, nous devons écarter le plus possible les doigts les uns des autres, il était utile que les quatre doigts pussent avoir un mouvement de circumduction externe, et le pouce un interne ; à ce dernier la nature a donné un tendon assez gros (long extens.) qui dirige le mouvement latéral interne ; elle a réduit la grandeur des autres, non-seulement parce qu’il ne convenait pas à un sage ordonnateur de faire quelque chose d’inutile, mais encore parce que la force eût été amoindrie dans le mouvement interne [de flexion], si un mouvement [externe] équivalent lui eût été opposé comme antagoniste ; la faiblesse, en effet, n’est pas inutile pour qu’il puisse être annulé complétement lorsque nous fléchissons les doigts[1].

Pour que notre discours soit démonstratif et ne devienne pas trop long, il faut reprendre quelques-unes des propositions établies dans le traité Du mouvement des muscles ; ces propositions sont les suivantes[2] : Pour toute articulation il y a, ainsi que nous l’avons dit, une position indolente et moyenne ; toutes les autres en deçà ou au delà sont moins douloureuses si elles se rapprochent de la moyenne, et plus si elles s’en éloignent : sont tout à fait douloureuses les positions extrêmes au delà desquelles on ne peut ni fléchir, ni étendre, car ces positions ont lieu quand les muscles qui les produisent prennent une tension extrême. Il est naturel qu’il existe de la douleur, puisque le muscle qui opère le mouvement entre dans une extrême contraction, et le muscle antagoniste dans une extrême distension. Dans les positions qui s’écartent de la moyenne d’un côté ou de l’autre, ou bien les deux muscles agissent, ou du moins l’un des deux agit seul ; dans la position moyenne il peut se faire qu’aucun des deux n’agisse. Cela a lieu aussi pour les doigts ; si on laisse tomber le bras inactif et relâché, comme font les gens très-fatigués, aucun des muscles des doigts n’entrant en action, la main sera placée dans une position moyenne ; si de cette position on veut passer à l’une ou à l’autre, si c’est vers l’extension, on tendra nécessairement les tendons et les muscles

  1. Voy. pour ce paragraphe assez obscur la Dissertation précitée.
  2. Voy. le chapitre x du livre I, et presque dans tout le livre II du traité Du mouvement des muscles. — Cf. ma Dissertation sur la physiologie de Galien.