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DE LA MAIN.

pourvoir à cette action, car en produisant les mouvements latéraux [qui ont été indiqués, p. 146], elle a permis aux doigts, par ce moyen, de se séparer, autant que nous voulons ; en effet, si les doigts eussent été dépourvus de ces mouvements latéraux, ils auraient dû s’écarter en s’étendant, leurs tendons extenseurs étant semblables aux fléchisseurs, partant également d’une tête unique et se divisant suivant des angles égaux ; car tous les tendons qui partent d’un même point et qui se prolongent en droite ligne, s’écartent nécessairement d’autant plus les uns des autres qu’ils vont en s’éloignant davantage de leur point de départ. Or, on voit que cela se passe ainsi pour les doigts ; en effet, si on ne se sert pas des mouvements latéraux, mais plutôt de ceux d’extension et de flexion, dans le mouvement d’extension les doigts s’écarteront, ils se rapprocheront dans celui de flexion[1]. Ainsi la nature n’a pas donné les mouvements latéraux pour écarter simplement les doigts, mais pour les écarter le plus possible. Une fois que les doigts eurent ces avantages, la nature leur en donna encore un autre qui n’est pas sans utilité : en effet nous pouvons rapprocher les doigts [écartés] quand ils sont étendus, en tendant pour le doigt qui est à droite [de l’axe de la main] le tendon latéral gauche, et pour le doigt de gauche le tendon latéral droit. Au contraire, quand nous voulons écarter le plus possible les doigts nous tendons le tendon droit pour les doigts de droite et pour les doigts de gauche le tendon gauche. Si nous ne faisons agir aucun des tendons latéraux, mais seulement les tendons externes, les doigts auront une position moyenne entre celles qui viennent d’être dites. Chez les individus qui ont la main maigre, tous ces tendons apparaissent alors tendus en ligne droite depuis leur origine jusqu’au bout des doigts. De même que les tendons externes, les internes sont également tendus en ligne droite dans tous les mouvements où les tendons latéraux sont en repos ; quand ces derniers agissent, les tendons

  1. Il est vrai de dire (sauf les réserves faites dans la note précédente) que la flexion entraîne le rapprochement des doigts, il est vrai aussi que le mouvement d’écartement suit naturellement le mouvement d’extension, mais ces deux derniers mouvements ne sont pas nécessairement liés l’un à l’autre. Il eût été plus exact de dire que les mouvements complets d’écartement ne peuvent s’accomplir que dans l’extension ; c’est alors, en effet, qu’ils ont le plus d’utilité et d’efficacité. — Voy. dans la Dissertation précitée ce qui regarde les mouvements latéraux.