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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xviii.

nons au point dont nous nous sommes écartés. Comme il importait qu’on pût fléchir les quatre doigts ensemble, non quand nous voulons saisir un gros objet, mais quand nous devons prendre un liquide ou un petit objet, il était très-utile que cette flexion pût s’opérer les doigts étant exactement rapprochés, de façon à ne laisser entre eux aucun espace vide. Or, on voit que cela se passe ainsi ; mais il n’en serait pas de même si les doigts n’avaient pas de chair sur les côtés, et si les tendons qui les mettent en mouvement ne partaient pas d’une tête unique. En effet, cette tête placée vers la ligne de flexion du carpe et, pour ainsi dire, au milieu de la région qui se trouve là, tirant à elle tous les doigts ensemble ou chacun en particulier, force leurs extrémités à se replier vers elle, et à cause de cela, lorsque la première et la deuxième articulation se fléchissent seules et que la troisième (métac.-phal.) reste étendue, les extrémités des doigts demeurent unies, bien qu’elles soient plus grêles que le reste des doigts, et qu’ainsi il devrait exister un intervalle entre elles ; mais elles demeurent exactement unies parce qu’elles sont toutes rendues convergentes vers un seul point, la tête des tendons ; car ces tendons procèdent tous de cette même tête et marchent en droite ligne vers les doigts en inscrivant, à leur point de départ, des angles égaux. Il est donc de toute nécessité que le doigt tiré par le tendon vers sa tête, vienne se placer sur le tendon et s’incline, pour ainsi dire, vers cette tête ; à cause de cela, on ne pourra, malgré tous les efforts, fléchir les doigts écartés les uns des autres[1] : la nature s’est décidée de suite à rendre impossible ce qui ne devait nous servir à rien. Mais comme, d’un autre côté, il nous faut prendre des objets volumineux avec les deux mains ou avec une seule ; et que, dans ce cas, il est nécessaire d’étendre les doigts et de les écarter le plus possible les uns des autres, la nature n’a pas négligé de

  1. Encore une proposition inexacte : s’il est vrai qu’on ne puisse pas fléchir ensemble et entièrement toutes les phalanges ou seulement les phalanges métacarpiennes sans que les extrémités des doigts se rapprochent complétement, il est du moins possible d’imprimer à ces mêmes phalanges, surtout aux deux dernières séries, un mouvement de flexion assez étendu, les doigts étant plus ou moins écartés, surtout à leur partie moyenne. On pourra se convaincre de ce fait en faisant les doigts crochus ou la griffe, alors l’articulation métacarpo-phalangienne est dans l’extension, ou dans un très-faible degré de flexion.