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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xvii.

préférable que la main fût légère et mince, et qu’elle ne fût pas surchargée d’une masse de chairs qui l’aurait rendue lourde et épaisse, car elle eût fait plus mal et plus lentement beaucoup des choses qu’elle fait maintenant promptement et bien. Comme d’un côté il était nécessaire d’amener les tendons de loin, et que, de l’autre, il y avait du danger pour ces tendons nus et placés dans une région dépourvue de chair, d’être facilement contus ou coupés, échauffés ou refroidis, elle les a protégés en fabriquant une membrane dure dont elle les a entourés de tous côtés, de telle façon qu’elle ne les a pas seulement mis à l’abri des chocs extérieurs, mais aussi du contact des os. Chaque tendon est exactement rond depuis sa sortie des muscles jusqu’aux articulations, afin de n’être pas sujet aux lésions ; mais au moment où il s’insère sur la phalange qu’il doit mettre en mouvement, il s’élargit, car il devait la mouvoir plus aisément en l’embrassant par un plus grand nombre de points d’insertion. Puisqu’il convenait que chaque doigt ne pût accomplir que quatre mouvements, un de flexion, un d’extension, deux latéraux, il était rationnel, ce me semble, qu’il y eût sur les quatre côtés des tendons à chaque articulation ; car s’il manquait un tendon d’un côté, le membre serait estropié. En conséquence, on voit des tendons sur les quatre côtés, les fléchisseurs nés des muscles situés à la partie interne de l’avant-bras ; les extenseurs, produits par les muscles externes ; ceux qui opèrent les mouvements dans le sens du petit doigt (extenseurs propres des doigts), provenant des muscles [externes] qui sont chargés des mouvements latéraux ; ceux qui exécutent l’autre mouvement oblique dans le sens du grand doigt (lombricaux)[1] fournis par les petits muscles situés à la main ; de sorte que la nature n’a refusé aucun mouvement à aucun doigt et n’a oublié aucun des tendons qui devaient accomplir ce mouvement. Cela suffirait pour démontrer son très-grand art ; mais comme il y a des choses beaucoup plus importantes, il ne faut pas les passer sous silence, car la nature, juste en tout (chap. xxii in fine, et II, xvi), non-seulement n’a refusé

  1. J’avertis, une fois pour toutes, que dans la section de la Dissertation sur l’anatomie de Galien consacrée à la myologie, j’ai donné, en rapprochant tous les passages, les motifs de la détermination de chacun des muscles dont je place le nom moderne entre parenthèses dans le cours de ma traduction.