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DE LA MAIN.



Chapitre xvi. — Récapitulation des principes qui doivent présider à la recherche de l’utilité des parties.


Telle est la manière dont les os des doigts se comportent. Nous parlerons, dans la suite, des os des autres parties. Je rappellerai d’abord, comme cela a été démontré, qu’on ne peut pas bien trouver l’utilité des parties avant d’en avoir déterminé les fonctions[1]. La fonction de la main est la préhension ; cela est évident, reconnu par tous, et n’a besoin d’aucune démonstration. Mais on ne s’accorde pas sur les fonctions des artères, des nerfs, des muscles, des tendons, et elles ne sont pas évidentes ; c’est pourquoi ces parties exigent un plus long discours. Toutefois ce n’est pas le moment de faire des recherches sur les fonctions, car nous nous proposons de parler non des fonctions, mais de l’utilité des parties. Il est donc nécessaire de poursuivre ce traité en prenant maintenant et dans tout le reste de l’ouvrage, comme fondements de notre raisonnement, les conclusions des démonstrations faites dans d’autres traités. Ainsi il a été démontré, dans le traité Des opinions d’Hippocrate et de Platon, que le cerveau et la moelle épinière sont le principe de tous les nerfs ; que le cerveau l’est à son tour de la moelle ; que le cœur est celui de toutes les artères, le foie celui des

    (Hist. anim., III, vii), que les os des animaux faibles sont délicats, creux et pourvus de moelle, tandis que ceux des animaux vigoureux sont résistants et à peu près complétement privés de moelle. — Le proverbe populaire est plus sensé que l’explication de Sylvius, car on dit encore d’un homme robuste qu’il a de la moelle dans les os.

  1. L’opposition entre χρεία (utilité) et ἐνέργεια (fonction) est ici bien frappante, et vient à l’appui de ce que j’ai dit dans la première note de ce traité. Ma manière de voir me semble encore confirmée par les phrases qui suivent (Voy. encore I, viii). — Ainsi, pour prendre un exemple, rechercher en quoi telle ou telle disposition générale ou spéciale des muscles est utile, ou quelles sont les fonctions générales ou particulières des muscles, constitue deux questions fort différentes ; c’est de la première que Galien s’occupe particulièrement dans ce traité, et c’est la seconde qu’il étudie in extenso et dogmatiquement dans l’ouvrage Sur le mouvement des muscles. Toutefois, j’ai relevé plusieurs passages où χρεία est pris isolément dans le sens d’usage proprement dit et presque de fonction ; mais ce sont là des faits exceptionnels, et il me serait facile, en rassemblant ces passages sous les yeux des lecteurs, de prouver qu’ils ne contredisent en rien la modification que j’ai fait subir au titre qu’on donne constamment en français au traité Περὶ χρείας μορίων.