Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xv-xvi.

se retrouvent dans toutes et aussi dans celles des doigts, comme cela leur convenait particulièrement. Ce sont, il est vrai, des articulations petites, mais parfaitement creusées, couronnées de tous côtés par de petits rebords, revêtues de cartilages minces et maintenues par des ligaments membraneux. C’est aussi une très-grande sagesse de la nature dans la construction des doigts, que de n’avoir pas fait les rebords des os égaux de tous les côtés, mais les externes beaucoup plus grands et les internes beaucoup plus petits. Si à la partie externe (face dorsale) ils eussent été petits, les doigts auraient pu se renverser au delà des limites de l’extension ; s’ils eussent été grands à la face interne (face palmaire), la flexion extrême eût été gênée. Ainsi, dans les deux cas, il y aurait eu des inconvénients, en ôtant la fermeté à l’extension et en empêchant la variété des mouvements de flexion ; mais comme le contraire a eu lieu, aucun dommage n’en est résulté ; il y a même une grande sûreté pour les mouvements des doigts. Mais pourquoi les os des doigts sont-ils denses, durs et sans moelle ? C’est sans doute parce qu’ils sont nus, et par conséquent très-exposés ; or pour des corps exposés aux lésions par suite de l’absence de protection extérieure, c’était un très-grand correctif qu’une structure particulière qui les rend plus difficilement vulnérables[1].

  1. Vésale (De Corp. hum. fabrica, I, xxvii) et après lui Columbus (l. l., I, xxvii) reprochent avec raison à Galien d’avoir cru que les os des doigts n’ont pas de moelle ; ils sont à cet égard dans la même condition que tous les os longs, et il est difficile de comprendre comment il a pu commettre une pareille erreur, puisqu’il lui suffisait de briser une phalange de singe, ainsi que le fait remarquer Columbus. Mais voici venir un intrépide champion à la défense de Galien : J. Du Bois (autrement dit Sylvius) s’est chargé de confondre les calomniateurs du médecin de Pergame, et en particulier Vésale (qu’il appelle vesanus, par un jeu de mot qui peint les aménités des érudits de l’époque) ; il a trouvé en faveur de l’opinion de son héros cette raison vraiment sublime et bien digne d’être citée textuellement, à savoir, que du temps de Galien les os des doigts n’étaient pas faits comme maintenant : « Ossa digitorum solida, et cavitatis ac medullæ manifeste expertia, Galenum semper vidisse non dubito ( !), ac eo priores medicos, ob robur scilicet harum partium quæ nunc sunt cavaparum, et nonnihil medullata ob infirmitatem… sic igitur ossa digitorum nostrorum majoribus solida fuisse et nihil omnino velparum admodum (admirez cette concession) cavitatis et medullæ : habuisse est intelligendum. » Calumniarum depulsio nona, dans Opp., p. 140, éd. de R. Moreau. ― Sylvius ajoute pour preuve, et en invoquant assez maladroitement Aristote