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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xv.

les os eussent été arrondis sur cette face ; par la face externe, les doigts ne font rien de semblable, et ne remplissent aucune autre fonction ; cette face réclamait donc une structure qui pût seulement la protéger avec sûreté contre tout dommage. Sur les côtés, le mutuel rapprochement des doigts les mettait à l’abri de toute lésion, et ils ne devaient laisser quand ils sont rapprochés, aucun intervalle entre eux ; il ne convenait donc pas qu’ils fussent arrondis de ce côté. Une confirmation suffisante de ce que j’avance est fournie par le grand doigt (pouce) et par le petit doigt : la circonférence supérieure du premier, la circonférence inférieure du second sont exactement convexes[1]. Par cette face, en effet, rien ne les protège et ils ne sont unis à aucun autre doigt. Il faut donc admirer la nature dans la construction des os.


Chapitre xv. — Excellence du mode d’articulation des doigts.


Le mode d’articulation des os n’est pas moins admirable, car les doigts ne sont pas formés de trois os simplement unis et joints au hasard ; mais, comme les gonds des portes, chaque articulation présente des saillies reçues dans des cavités[2]. Cela, peut-être,

  1. Galien aurait pu étendre le même raisonnement au bord libre du doigt indicateur. On voit du reste qu’il considère ici la main allongée, en pronation (l’avant-bras étant fléchi sur le bras), et présentant par conséquent deux faces latérales par rapport à l’axe du corps, et deux bords, un supérieur et un inférieur. — Voy. dans la Dissertation sur l’anatomie de Galien, le chapitre consacré aux muscles du membre thoracique.
  2. Dans le traité De ossibus (xix, t. II, p. 771) Galien précise encore davantage cette disposition, en disant que les éminences des premières phalanges (il commence encore ici par l’extrémité des doigts) sont toujours reçues dans les cavités (sillon de la poulie) des phalanges correspondantes (articulation trochléenne, ou ginglyme angulaire). Cette remarque est très-juste pour l’articulation des phalanges entre elles, mais elle ne l’est plus, si on considère l’articulation des phalanges avec le métacarpe ; le mode d’union se fait en sens contraire, c’est-à dire que la cavité siège sur la phalange, et l’éminence sur les os du métacarpe, disposition qu’on remarque aussi pour le pouce, ce qui, pour le dire en passant, est une nouvelle preuve de l’opinion que j’ai défendue dans une des notes précédentes. Il faut ajouter avec Columbus (De re anatom., I, xxvii), que l’articulation métacarpo-phalangienne constitue une énarthrose et non une variété de ginglyme. Il serait d’ailleurs possible que Galien, ainsi que le croit Hoffmann (l. l., p. 16), n’entendît parler que des articulations des phalanges entre elles. — Quoi qu’il en soit, il est peu exact de comparer les articulations inter-phalangiennes ou métacarpo--