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DE LA MAIN.

à toutes les fonctions ; en effet, privés d’os ils n’eussent pu agir avec efficacité que dans les cas où nous sommes obligés de les plier en rond autour de l’objet à saisir ; s’ils n’avaient eu qu’un seul os ils n’eussent pu nous bien servir que dans le cas où il faut agir avec les doigts étendus ; n’étant ni privés d’os, ni pourvus d’un seul os, mais construits avec trois os qui s’articulent les uns avec les autres, ils prennent facilement toutes les formes exigées pour l’accomplissement de leurs fonctions. Quand les articulations sont toutes fléchies, nous nous servons des doigts comme s’ils n’avaient point d’os ; quand elles sont toutes étendues, les doigts sont comme s’ils n’avaient qu’un os. Souvent nous n’avons pas besoin que les articulations soient toutes étendues, ou toutes fléchies ; alors fléchissant ou étendant soit la première articulation seulement, soit la seconde, ou la troisième, quelquefois la première avec la seconde, ou la seconde et la troisième, ou la première et la troisième, nous produisons six figures. Il est impossible de dire, mais on peut facilement se représenter pour chacune de ces figures, quel nombre de figures intermédiaires donne le plus ou le moins ; car l’extrême flexion et l’extrême extension ne souffrent pas une division en plus ni en moins, mais les mouvements intermédiaires produisent un nombre en quelque sorte indéterminé de figures par la flexion et l’extension successives, tantôt en plus, tantôt en moins. Ainsi, par suite de cette structure, les doigts ne prennent pas seulement six formes, mais six formes générales, les particulières étant infinies. Les deux autres modes de construction, je veux dire l’absence d’os, ou la présence d’un seul os, ne peuvent donner aux doigts que deux figures, la ronde et la droite, mais maintenant ils ne sont pas privés de ces deux figures ; et de plus ils en ont six générales et une foule de particulières. — Si les doigts eussent été faits seulement d’os disposés en ligne droite, ils eussent pu prendre exactement une figure rectiligne, mais jamais ils n’eussent pu se former exactement en rond.


Chapitre xiii. — De l’utilité propre de la chair des doigts ; de la manière dont elle y est disposée. — Utilité commune de la chair considérée dans tout le corps. — Texte de Platon sur ce sujet.


C’est donc en vue de la forme circulaire que la nature a formé la chair des doigts ; comme il ne convenait pas de la placer à la