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DE LA MAIN.

tote[1], il dit que les ongles ont été faits comme moyen de protection ; mais contre quoi ? Est-ce contre le froid, le chaud, les corps vulnérants ou contondants ? On ne pourra pas penser que les ongles ont été faits pour défendre d’aucune de ces choses, ni d’aucune autre. Si j’ai rappelé l’opinion d’Aristote et de Platon, ce n’est pas dans

    que les ongles sont formés par un mélange d’os, de nerfs, de peau, de chair, de veines, de membranes et de ligaments, et il ajoute qu’il a longuement traité de ce sujet dans un livre aujourd’hui perdu, Sur l’anatomie d’Hippocrate. Dans la collection hippocratique on trouve, en effet, quelques passages sur la formation des ongles. Ainsi, dans le traité De la nature de l’enfant, § 19, t. VII, p. 506, il est dit que les ongles viennent des os, des veines et des nerfs, qu’ils sont denses, attendu qu’ils sont formés par des tissus denses, enfin qu’ils servent à fermer les vaisseaux de l’extrémité des doigts et les empêchent d’aller plus loin et de se dépasser l’un l’autre, Voy. aussi De carnibus où il paraît que l’auteur attribue la production des ongles à la partie humide et glutineuse qui, s’échappant des os et des articulations, se dessèche et se durcit (p. 251, l. 40, éd. de Foës). Dans le centon De ossium natura (initio) les ongles sont compris au nombre des os. — Empédocle a dit que les ongles se formaient en dernier lieu (c’est aussi l’avis de Galien, De temper., II, ii, init. — Les anatomistes modernes ont reconnu que l’ongle ne commence à se distinguer de l’épiderme qu’au cinquième mois) et qu’ils provenaient des nerfs (Voy. Arist. De spiritu, cap. vi, éd. Tauchnitz ; Plut. De plac. philos., V, xxii. Cf. aussi Karsten, in Emped., p. 451 et 475-6). On peut consulter sur le mode de formation des ongles et sur leur nature Arist. De gener. anim., II, vi, in fine ; Galien De temp., I, vi ; II, ii ; II, iii, t. I, p. 539, 578, 603 ; De simplic., V, iv, t. XI, p. 714 ; Ars med., cap. v, t. I, p. 319. Cf. enfin De l’utilité des parties, III, ii ; XI, viii et ix, in fine, et voy. dans l’Appendice le chap. xi, du IIe liv. du Manuel des dissections. — La nature des ongles est restée longtemps méconnue : Malpighi (De org. tact., dans Oper., t. II, p. 202, éd. de 1687 ; Opp. posthuma, éd. de 1743, p. 99-100), combattu par Albinus (Acad. anat., II, xv, p. 59), croyait encore que les ongles proviennent soit d’un épanouissement des nerfs, soit du corps réticulaire et de l’épiderme induré. Aujourd’hui les anatomistes s’accordent à les regarder comme une dépendance de l’épiderme durci et rendu plus cassant par une forte proportion de phosphate calcaire. — Voy. Henle, Anatom. génér., trad. franc., t. I, p. 281 et suiv. ; Mandl, Anatom. génér., p. 319 et suiv. ; Béclard, Anatom. génér., 2e édit., 1852, p. 231 et suiv. — La théorie de l’opuscule hippocratique De carnibus est encore celle qui se rapproche le plus des notions modernes.

  1. « La nature, dit Aristote (Part. anim., IV, v, p. 291, l. 8, éd. Bussem.), a construit aussi les ongles avec art. Les autres animaux ont les ongles pour s’en servir ; chez l’homme ils constituent un couvercle, car ils sont un moyen de protection pour l’extrémité des doigts. » Il est évident, comme le fait remarquer C. Hoffmann (Variæ lect., VI, xx, p. 306), que Galien a lu ici Aristote avec distraction, ou l’a blâmé sans motif, pour se donner à lui-même un mérite de