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DE LA MAIN.

ment dures, comme sont les extrémités des doigts, constitue particulièrement un organe très-sûr de préhension.


Chapitre vii. — De l’utilité des ongles, et des avantages de leur conformation actuelle.


Mais comme les objets à saisir sont eux-mêmes d’une consistance très-différente, et qu’ils se trouvent plus ou moins mous et plus ou moins durs, la nature a donné aux doigts une structure qui les rend propres à saisir tous ces objets. Pour remplir ce but, les extrémités des doigts ne sont donc pas constituées exclusivement par les ongles, ou par la chair, mais par ces deux substances dont chacune occupe la place la plus convenable. En effet, la partie charnue occupe la face par laquelle les doigts se regardent, et dont l’extrémité doit servir à ramasser les objets. L’ongle est placé en dehors pour servir de soutien ; les corps mous sont donc saisis à l’aide de la seule partie charnue des doigts ; les corps durs, attendu qu’ils refoulent et contondent la chair, ne peuvent être pris sans le secours des ongles, car la chair repoussée avait besoin d’un soutien ; mais aucun objet dur ne pourrait être pris avec les ongles seuls, car les objets durs glissent facilement sur les corps durs [comme sont les ongles]. Ainsi donc, à l’extrémité des doigts la partie charnue corrigeant ce qu’il y a de glissant dans les ongles, et les ongles soutenant la chair refoulée, le doigt devient un instrument de préhension pour tous les objets qui sont petits ou durs. Vous comprendrez du reste manifestement ce que je dis, en considérant les inconvénients de l’extrême longueur ou de l’extrême petitesse des ongles, car s’ils sont démesurément longs de façon à se heurter [lorsque les doigts se rapprochent], on ne peut prendre ni une petite épine, ni un cheveu, ni quelque autre objet semblable ; si, au contraire, à cause de leur petitesse ils n’arrivent pas jusqu’au niveau de l’extrémité des doigts, ils laissent la pulpe sans soutien et la rendent incapable de prendre quoi que ce soit. Quand les ongles sont de niveau avec l’extrémité de la pulpe, c’est alors seulement qu’ils accomplissent parfaitement l’office pour lequel ils ont été créés. Aussi Hippocrate (De l’officine, § 4, t. III, p. 284) disait : « Les ongles ne doivent ni dépasser la pulpe des doigts, ni la laisser à nu. » En effet, c’est quand ils ont une juste longueur, qu’ils servent le mieux aux usages pour lesquels ils ont