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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, vi-vii.

uns des autres ; mais dans l’état actuel des choses, il est conservé, un des doigts pouvant être opposé aux autres ; car ce doigt est placé et se meut de telle façon, qu’au moyen d’un mouvement de rotation très-limité, il peut agir de concert avec chacun des doigts qui lui est opposé[1]. Comme il était mieux que les mains pussent remplir les fonctions qu’elles remplissent maintenant, la nature leur a donné une structure qui les rend aptes à ces opérations.


Chapitre vi. — De l’utilité de la structure des doigts telle qu’elle existe.


Il ne suffisait pas que deux doigts opposés l’un à l’autre pussent agir par leurs extrémités, pour attraper les objets d’un petit volume ; mais il fallait que ces extrémités fussent comme elles sont actuellement, c’est-à-dire molles, arrondies et pourvues d’ongles. En effet, si elles n’étaient pas charnues, mais osseuses, il ne serait jamais possible de prendre de petits objets tels que des épines ou des cheveux ; il ne le serait pas davantage si, tout en étant charnues, ces extrémités étaient plus molles et plus humides qu’elles ne le sont, car il importe que l’objet saisi soit, autant que possible, embrassé de tous côtés, afin que la préhension soit plus ferme. Rien de ce qui est dur et osseux ne peut se replier autour d’un objet, mais bien ce qui est modérément mou et qui, par conséquent, cède dans une juste mesure ; car ce qui est démesurément mou et semblable à une substance diffluente, cède plus qu’il ne convient au contact des corps durs et laisse facilement échapper l’objet saisi. Donc tout ce qui, par nature, tient le milieu entre les substances démesurément molles et les substances démesuré-

  1. Tout ce que Galien dit ici et plus loin (chap. xvii, xix ; II, iv, ix, x) du pouce, n’est qu’un commentaire du passage suivant d’Aristote (Part. anim., IV, x, p. 290, l. 50, éd. Bussem.). « Il y a un doigt latéral qui est court, épais et peu allongé. De même que la préhension n’aurait pas lieu si la main n’existait pas, de même aussi la préhension n’aurait pas lieu s’il n’y avait pas de doigt sur le côté ; en effet, ce doigt presse de bas en haut les objets que les autres pressent de haut en bas. Or, il doit en être ainsi s’il s’agit de serrer fortement comme avec un nœud vigoureux, afin que la puissance du pouce égale celle de plusieurs doigts. Il est court afin que sa force soit plus grande, et parce qu’il n’y avait aucun avantage à ce qu’il fût plus long. »