Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
DE LA MAIN.

la nature a fait l’une auxiliaire de l’autre, de sorte que toutes deux, en saisissant les objets volumineux par deux côtés opposés, ne le cèdent pas à une main qui serait très-grande. Les mains ont donc été tournées en regard l’une de l’autre[1], car elles ont été faites l’une pour l’autre, et elles ont été construites absolument semblables ; cela était convenable pour des organes qui doivent agir de la même manière. Après vous être représenté les plus gros objets que l’homme est appelé à remuer avec ses deux mains, tels que le bois ou la pierre ; reportez aussitôt votre esprit vers les objets les plus petits, comme un grain de millet, une épine tout à fait mince, un cheveu ; pensez ensuite à la multitude des degrés de volume entre les plus grands et les plus petits, songez à tout cela, vous trouverez que l’homme manie si bien tous ces objets, que les mains vous sembleront faites exprès pour chacun d’eux pris à part. En effet, les très-petits objets, on les saisit avec l’extrémité des deux doigts, l’index et le pouce ; les objets un peu plus gros, on les prend avec les mêmes doigts ; mais non pas avec l’extrémité ; pour les objets encore plus volumineux, on se sert de trois doigts, le pouce, l’index et le médius ; pour ceux qui sont encore plus gros, on met quatre doigts en œuvre, puis les cinq doigts, puis toute la main ; puis on ajoute la deuxième main pour les objets encore plus volumineux. La main n’eût pu remplir aucun de ces offices, si elle n’eût été divisée en parties de diverses formes. — Mais il ne suffisait pas que la main fût simplement divisée en doigts : en effet, à quoi cela eût-il servi, si un des cinq doigts n’eût pas été opposé aux quatre autres comme cela a lieu, et si tous avaient été placés sur le même rang les uns à côté des autres ? N’est-il pas évident que le nombre des doigts deviendrait inutile ? car, pour être maintenu fermement, tout corps doit être saisi de tous côtés circulairement, ou, du moins, par deux points opposés. Cet avantage eût été perdu si les cinq doigts eussent été rangés sur la même ligne à la suite les

  1. Quand les bras pendent et que tous les muscles sont dans le relâchement, les mains se regardent par leur face interne. Toutes les parties du squelette du bras, et son mode d’attache au thorax, la direction et la forme des muscles, concourent à favoriser cette disposition qui est aussi celle que les mains prennent le plus ordinairement dans les mouvements actifs. - Voy. liv. II, chap. ii, in fine.